La grosse marrade
Batailles choisies #239
Petit instantané des progrès récents de mes trois garçons et photos d’un jour J où ils m’ont fait rire, chacun à leur tour. 😹
Dernier -
À trois mois, un bébé ne sait vraiment rien faire!
Rendez-vous compte: il est incapable de se tenir les hanches, de se taper les cuisses à paumes ouvertes, de se tenir le bide ni même de se le tordre, il ne peut se rouler par terre, se poiler, pas plus qu’il ne sait se taper le cul par terre! Il est bien incapable de se boyauter, de se bidonner, de se tirebouchonner, de se fendre la pipe ou la pêche. Le pire: il n’est pas non plus foutu de se dilater la rate!
Par contre, il y a quelque chose qu’il maîtrise, c’est quand je lui fais des gouzi-gouzis et que, comme s’il venait d’entendre la meilleure histoire drôle de la galaxie, il se fend la poire avec le plus beau des sourires édentés qui se ficelle d’oreille à oreille!
Milieu -
Ses progrès de langage semblent aller de pair avec une rigidité que lui aurait enviée l’Inquisition espagnole: chaque chose à sa place et chaque chose à son propriétaire légitime. Ajoutez à son cerveau du français, de l’espagnol et beaucoup de questions, ça donne des conversations sans queue ni tête à se lancer caboche la première dans le bûcher avec les hérétiques:
Maman, chaussures, non! Chaussures pas tôâ, chaussures del Papa, tôâ Papa? Non? Tôâ Maman? Et môâ? Môâ bébé? Non! Niño! Môâ niño! Y niños al hôpital, al hôpital avec Maman, Papa, Abuelita, bobo, Abuelita bobo. Et tôâ, tu as bobo? Non? Pas bobo? Tôâ a été al hospital? En voiture? Non? En hélicoptère? Con un camión? Tu aimes les camions? Les camions-poubelles? Les camions-citernes? Les camions-bennes? Môâ les camions-poubelles! Non! Mon camion-poubelle, à môâ! Mon camion-poubelle pas prêter à tôâ, pas Papa, pas Abuelita. Camion-poubelle ici et ici et là et aquí et allá et allá. Oui, Maman, oui?
J’avoue, j’avoue tout, oh mon inquisiteur en robe noire! Oui, j’ai emprunté les chaussures de ton père, ou non je ne les ai pas prises, si, j’ai été à l’hôpital ou bien non je n’ai pas pu, toujours est-il que promis, je ne toucherai plus à ton camion...
Grand -
J’ai passé la journée à promettre à mon aîné un peu de temps en tête à tête. J’essaie de lui en consacrer mais c’est très difficile avec ses deux cadets qui m’accaparent chacun de leurs besoins souvent contradictoires, rentrer et sortir, jouer et calmer, câliner et amuser.
Enfin, dans l’après-midi, là, Grand, j’ai une grosse demi-heure, on va pouvoir faire un jeu ensemble!
Il arrive avec son grand sourire depuis le fond du jardin et j’ai l’impression de voir son cœur gonfler, se charger d’amour pour sa Maman. Je le vois sautiller, tout guilleret, paquet de cartes à la main, et lui lance à mon tour toute guillerette:
- Grand! Je suis trop contente! Enfin un peu de temps avec toi! Je vais te mettre une tannée à la bataille!
- Maman, je t’aime! Maman, tu es la plus belle! Maman, tu es la meilleure des Mamans! Mais c’est moi qui vais gagner...
On partage un grand éclat de rire. Il est tellement impatient de jouer qu’il ouvre le paquet alors qu’il court encore vers moi.
Depuis le fond du jardin s’élève une petite voix: Grand! Grand!
C’est la voisine qui appelle mon fils pour qu’il vienne jouer avec elle.
Tête qui tourne brusquement. Corps arrêté dans son élan.
Mon fils crie du fond de son âme “J’arrive Colombina!”, lâche le paquet de cartes qui s’éparpillent par terre et déguerpit comme un lièvre.
Maman bras ballants.
Maman, la meilleure des c’est-mieux-que-rien!
Les enfants, souvent, c’est trop… trop dur, trop fatiguant, trop questionnant, trop énervant, juste trop…
Mais les enfants, ça fait trop rire.
