Il n'y a pas une minute à perdre

 

Batailles choisies #253

Milieu a fait son retour à la crèche, Grand à l’école, Dernier s’est endormi dans les bras de son père: 45 minutes pour moi, 3, 2, 1, top! c’est parti! ⏱


 

Mon aîné est à l’école, mon deuxième à la crèche et mon troisième fait sa petite sieste de milieu de matinée. J’ai donc une estimation de 45 minutes de temps tranquille.


Oh! 45 minutes! 

Je pousse les assiettes sales du petit-déjeuner et m’installe à la table avec mon ordinateur pour écrire, blog, nouvelle en cours, autres projets, tous plus désirables les uns que les autres, tous en friche, tous demandant que je m’occupe d’eux, dans des onglets concurrents de mon navigateur.  

Je dois presser chaque minute, faire usage de chacune des 2700 secondes à ma disposition pour avancer sur les 1000 projets que j’ai!

Travailler avec des enfants à la maison me demande une discipline de fer, intériorisée jusqu’au fanatisme: si je peux travailler, alors je ne fais jamais autre chose - entendre : jamais aucune tâche ménagère. Je m'astreins à ne jamais rien ranger/cuisiner/laver alors que je peux travailler. Toutes les tâches ménagères, je peux les faire avec des enfants dans les bras, les jambes ou les pieds, même si ça me casse le dos, les reins ou les pieds. 

C’est ma discipline.

Pousser les tasses sales. 

Les oublier jusqu’à ce que Dernier soit réveillé. Quand il jouera tranquillement sur son tapis d’éveil, alors je me rappellerai qu’elles existent.

Oublier les tasses.

Ignorer les assiettes.

Perdre de vue que le lave-vaisselle n’a pas encore été vidé.

Faire fi de la lessive de blancs, et si possible, de la lessive de couleurs qu’il faut faire aujourd’hui.

Non! Ma discipline de fer: je travaille. Deux phrases ici, trois là, oh, déjà 10 minutes de pressées et toujours ces questions! Comment terminer cet article de blog? Et si j’écrivais une nouvelle sur cette rencontre avec la voisine? Et qu’est-ce qu’on mange à midi?

Non.


Di 

Sci

Pline

 

Pas facile d’ignorer les cuillères pleines de confiture, le beurre qui fond, le lait qui menace de passer à température ambiante.

Je croise le fer des couteaux à beurre et m’acharne, encore 20 minutes sur cet article, un paragraphe d’une nouvelle, deux idées jetées ici ou là.

Ne rien voir d’autre, ne rien entendre.

Pourtant… qu’entends-je? Du beurre fondant qui me supplie de le remettre dans sa banquise, des cuillères expliquant doctement que la confiture collée est plus difficile à faire partir, attention hein, mais cette nouvelle qui se sent abandonnée et exige que je la reprenne!  

Ces menues tâches ménagères m’appellent, elles me susurrent à l’oreille, comme des sirènes, viens me ranger, ça ne prendra que cinq minutes, elles m’hypnotisent de leurs chants, leurs voix ondulent jusqu’à mon ordinateur…


Ah.

Le charme vient d’éclater.

Dernier s’est réveillé en pleurant.

Viens, viens mon choupi, ne t’inquiète pas, allez, on est bien avec sa petite maman, on est bien tous les deux. 

Ça te dit, on range les tasses de café?


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