Souvenir perdu, bienveillance vermoulue

 

Batailles choisies #297

Une preuve de plus que les mamans ne se souviennent de rien - et qu’on peut manquer de bienveillance envers d’autres mères, sans le faire exprès. Post d’avertissement à moi-même. ⚠️


 

Je me sens coupable parce que j’ai jeté, sans faire exprès, une camarade maman dans une spirale de remise en question, de culpabilité et de sentiment d’échec. 

Une collègue de l’école où j’enseigne me dit qu’à cause du confinement, pour travailler, elle est obligée de mettre quotidiennement son cadet, 4 ans, devant les écrans, et que ça la ronge, la mine de culpabilité.

- Oh, la première année du confinement, pour moi c’était pareil! Je collais les enfants devant des dessins animés, c’était mon seul temps de travail. 

- En plus, mon garçon préfère faire des jeux, mais non: tiens, va regarder la télé, j’ai besoin de préparer des cours.

- Moi aussi! Ce qui est horrible, c’est que j’avais l’impression de sacrifier la relation avec mon fils pour pouvoir m’occuper correctement de mes élèves. J’avais le sentiment d’abêtir mon enfant pour ne pas délaisser les enfants des autres. 

- Ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule.


Le partage des difficultés présentes est une vraie bouffée d’oxygène, pour elle, comme pour moi. Et maintenant, bêtement, je vais couper l’oxygène:

- En plus, mon fils, c’est la négociation quotidienne pour éteindre les dessins animés. - Allez, un dernier! - Non! - Une dernière vidéo! Encore! - On avait dit que celle-ci c’était la dernière.

- Ah bon? Ah, parce que moi, Grand, on lui met un minuteur. Quand ça sonne, il éteint et ça ne lui pose pas problème.  


Grand a cinq ans et demi. Le fils de ma collègue en a quatre. En faisant du rangement dans mon blog ces derniers jours, je suis tombée sur cette batailleje décris exactement la même addiction aux écrans, les mêmes crises quand on éteint les dessins animés, la même négociation quotidienne pour regarder le dernier Trotro, vraiment cette fois, c’est le dernier.  


En relisant mon billet qui a à peine plus d’un an, je souris de me rendre compte, encore une fois, que toutes les mamans souffrent du syndrome de Dory, que je n’arrive plus bien à revoir ces crises, ces heures d’écrans sans cesse rallongées, alors qu’elles me bouffaient la vie à cette époque pas du tout lointaine du premier confinement. Je ne critiquais pas ma collègue évidemment, mais en faisant comme si j’avais trouvé la solution du problème, alors qu’en réalité, le problème a simplement disparu (et même pas de notre chef, juste parce que notre enfant a grandi), je ne l’ai pas aidée. Elle a dû se dire que c’était elle qui n’arrivait pas à… que c’était son fils qui ne réussissait pas à...


Avertissement à moi-même: faire preuve de bienveillance envers d’autres mamans, c’est ne pas oublier qu’on a déjà tout oublié.


D’autres batailles ⭣