Un peu ici, un peu là

 

Batailles choisies #321

Long week-end, famille proche, dehors, dedans, ici et là: de l’art de se décentrer, concentrer, déconcentrer. ꩜


 

Long week-end pour la fête nationale chilienne à la campagne, quelle chance d’être là! 

Avec beau-frère, belle-sœur et nièce toute fraîche, quelle chance qu’ils soient avec nous!

Chez belle-maman, vous ici, encore!


Trois jours qui sortent de mon quotidien, des minutes gagnées ici ou là pour travailler, 

Là, à la campagne, on aura tous une respiration,

Mais je penserai fort à là-bas, à ma maison, à la sieste du matin de Dernier pendant laquelle j’écris, je penserai à ma petite vie, mes petits combats et mes petites victoires quotidiennes, le bonheur de ma petite bulle.


Parce qu’ici, c’est un peu tout et un peu rien, un peu ici et un peu là, un peu la même chose et un peu différemment!

 

Je suis un peu ici avec Milieu à jouer avec de petits cailloux, un peu là quand Grand m’appelle pour chat perché, un peu plus ici avec ma belle-sœur pour parler nourrisson, j’arrive Grand, on va où? Là, dans le bac à sable? D’accord!


Ici, c’est la fête nationale. 

On entend, là, les voisins de droite faire des olympiades en beuglant de joie, on entend, là, les voisins d’en face danser cumbia et cueca, on entend ici, Grand faire la course en riant, Milieu appeler Tonton? Tonton? Où est Tonton?, Dernier s‘épanouir au grand air, fleurs, nuages, ciel bleu plein la vue.


Comme à chaque fois que je suis ici, je suis mi-chèvre, mi-chou, loin de ma rigueur et de ma discipline, de mon organisation autour des horaires des enfants: trois journées où j’aimerais bénéficier d’un peu plus de temps pour moi, mais je sais bien comment ça fonctionne et en prends mon parti - j’aurai un peu moins de temps.


Là, j’attends autour du barbecue, je peux me doucher ou j’attends encore, ah quelqu’un est déjà là, je vais rester un peu ici faire du bricolage avec Milieu pour soulager beau-frère et belle-sœur que leur nourrisson accapare, je vole quelques minutes, là-bas, en haut, pendant qu’ailleurs tout le monde s’occupe, il faut rester ici parce que sinon les enfants sont tout seuls, à quelle heure on mange, je m’assois là, ou bien là?

Je lutte avec Dernier que je n’arrive pas à endormir, qui, ici, est perdu, stimulé de toutes parts, il ne veut pas aller là, où on fait dodo, non, il veut rester dehors avec tous ces gens si rigolos, ce tonton et cette tata qui amusent les enfants avec un brio et un enthousiasme toujours renouvelés qui ne cessera jamais de m’impressionner.


Passer par la cuisine, aller changer la couche, revenir à la salle de jeux, sortir, rentrer chercher les chapeaux, elle est où la crème solaire? Ici? Maman, on joue à 1-2-3 Soleil? Tu te mets là!


Il faut que je lutte pour ne pas regretter mon là-bas, ma maison, où je peux travailler. Il n’y a pas que le travail dans la vie. Les gens, la famille, c’est bien aussi. Il faut être dans le maintenant et l’ici.

J’ai le sentiment d’être dispersée, éclatée aux quatre coins.

Mais il est bon, doux, parfois, de se décentrer, de plonger dans le vortex de la vie de famille où chacun s’arrange autour de chacun et personne ne fait rien.


Oh! Comme c’est curieux… je suis dans le bureau, il est dix-huit heures - d’habitude, horaire perdu. Monsieur Temps-pour-Moi, vous ici? 


Un peu ici, un peu là, un peu nulle part, un peu partout, un peu rien, un peu tout.


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Batailles rangées⭣

Heloise Simonfamille, temps