L’allaitement, pour un vrai choix

 

Batailles choisies #88

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En deux mots:

Pour aller au-delà du pour ou contre l’allaitement, au-delà des pros et des antis.


 

Je vois souvent passer témoignages et articles sur l’importance pour une mère de choisir ce qui lui convient le mieux: allaiter son enfant ou ne pas l’allaiter. Oui, il faut pouvoir choisir. Mais quel est ce choix, en fait?


Choisir d’allaiter ou non, c’est comme choisir entre le trampoline et le judo. Les mettre sur un plan d’équivalence, c’est en réalité proposer un non-choix. 

Parce que bon, si on n’en a jamais fait, le trampoline, pourquoi pas, on peut essayer. En revanche, qui n’en a jamais fait a peu de chance de trouver son bonheur en affrontant sur un tatami une ceinture noire au pied levé (ippon).

Vous êtes plutôt trampoline ou judo?



Je ne veux pas entrer dans les bénéfices ni injonctions de l’un ou de l’autre (il y en a suffisamment des deux côtés) mais l’envisager dans une autre perspective.



L’allaitement (le judo dans mon raccourci, vous l’aurez compris), pour être bien vécu, demande des savoirs: il faut connaître le fonctionnement de l’allaitement, les étapes, les positions, les pics de croissance du bébé qui vous donnent l’impression que vous n’avez plus de lait alors qu’en fait votre bébé a simplement besoin de téter plus souvent, et tellement d’autres. L’allaitement demande un soutien que j’appellerai rapidement technique et psychique: il faut que des spécialistes soient disponibles, rendent visite aux mères, les accompagnent sur le long terme. Mais il exige aussi un soutien logistique: la grande disponibilité d’une allaitante pour son bébé rend particulièrement ridicule le très court congé paternité imposant que le père retourne au travail bien avant que l’allaitement soit bien installé, et peut précipiter la mère dans une charge de travail qui la noie, et qui lui fait regretter ou abandonner son choix.  

À défaut d’expérience, il faut donc du soutien

Il faut aussi comprendre qu’une femme qui s’essaie pour la première fois à l’allaitement (j’ai vu pour ma part la différence entre mon premier et mon deuxième enfant) est inexpérimentée. À défaut d’expérience, il faut donc du soutien professionnel, des équipes formées, des moyens financiers. 

Et vous l’attendiez, le voici, le voilà, le retour du politique. Proposer aux mères d’allaiter, c’est mettre en place les politiques publiques qui peuvent rendre le choix viable, que la mère ne fera donc pas à ses dépens, en mettant parfois en danger sa santé, physique, mentale. 


Lancer une mère dans l’allaitement nécessite, pour le dire vite, plus d’à-côtés que le biberon. C’est seulement lorsqu’on lui en aura donné les moyens qu’on pourra dire qu’on choisit, librement parce qu’à bon escient, le biberon ou l’allaitement. 


Et qu’on cessera de confondre qu’on a fait ce qu’on a voulu alors qu’on n’a fait souvent que ce qu’on a pu.

 
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Heloise Simonallaitement