Des ballons et un couteau pointu

 

Batailles choisies #91

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Pas le temps de lire tout de suite?

En deux mots:

Semaine du ballon, 3e post. Aujourd’hui, un enfant insupportable, des ballons par dizaine et un long couteau. Vainqueur?


 

Je me souviens d’une soirée quand mon Grand avait autour de deux ans. 

On habite dans une autre ville à l’époque, dans un appartement, mal agencé, froid, manquant de soleil. Et pour y occuper nos longues soirées, on a eu une période ballons. Qui nous en avait apporté la première fois, je ne sais plus, mais bientôt c’est devenu un sauve-la-soirée - vous pensez bien, ouvrir le paquet, gonfler un à un les ballons, les faire voler de mur en mur avec des boom et des pôm, c’est si rigolo! 

Cette soirée-là qui m’est revenue en mémoire récemment, on se retrouve en moins de dix minutes avec trente-cinq ballons encombrant tout l’appartement. Mais l’excitation folle de mon fils se besaigre très vite et il est, durant une très très longue soirée, très très pénible. Il me frotte des ballons dans les cheveux, coups de jus et coups d’ongles, m’en lance dans la figure malgré mes protestations, se frustre quand il n’arrive pas à en fourrer quatre dans le tiroir à casseroles, ne veut pas manger, ni prendre le bain sans ballons, ni rien ranger, saute sur son lit jusqu’à 22 heures, chante à tue-tête des chansons imbéciles au moment de s’endormir. 

À la fin de la soirée des ballons, mon fils, je veux le crever. Les ballons aussi. Mon fils, ça va être difficile. Par contre, les ballons…

Quand, à 22 heures passées, je sors de sa chambre sur la pointe des pieds, j’attends d’être arrivée à la cuisine pour souffler énergiquement mes plus lourds regrets. 

Moi qui ne bois presque jamais, j’ai besoin d’un verre. Avant d’attaquer la première bouteille venue, mes yeux fatigués remarquent dans l’égouttoir à couverts un long couteau dont la pointe brille sous les spots. 

Je regarde la bouteille.

Le couteau.

La bouteille. 

Le couteau, d’abord.

Je l’attrape et d’un pas décidé vais au salon. Un par un, pam, paf, crac, je crève 34 ballons avec un sourire en coin de psychopathe satisfaite. Demain je lui dirai qu’ils se sont envolés pendant la nuit. 

J’en épargne un, un beau gros ballon rouge, parce que demain matin, il sera tellement joyeux de le trouver et qu’est-ce que j’aime quand il éclate de rire...

 
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