Quand je n’y croyais plus

 

Batailles choisies #120

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En deux mots:

Une note d’espoir pour les parents de jeunes enfants qui se disent que ça ne va jamais s’améliorer. 


 

Je suis avec Petit et Grand chez leur grand-mère à la campagne. 

Je suis avec Petit, à l’intérieur. 

Grand, lui, quatre ans et demi, joue dehors. Il s’occupe tout seul à cueillir des fleurs, lance des bâtons, joue avec les chiens, trace sa grand-mère dans le potager ou l’appentis en l’assommant de questions de sa petite voix mignonne, est heureux comme un roi. Il peut rester des semaines chez elle, sans nous réclamer une seule fois.

Je l’entends jouer dehors depuis le bureau transformé en salle de jeux, avec Petit. Je recentre mon attention sur mon cadet, le regarde jouer avec des majorettes et des camions de tous âges, de toutes formes, de toutes couleurs. 

Et je me revois il y a deux ans, quand je n’avais que Grand. Je me revois exactement au même endroit, avec les mêmes jouets, avec d’autres inquiétudes pourtant.

À ce moment-là, je me dis souvent: “mais, il va jamais pouvoir rester avec quelqu’un d’autre que moi ou son père!” Je me demande à quel âge on peut laisser ses enfants avec une grand-mère, pour respirer, se reposer, se remettre. Ça me semble tellement long! Il a déjà deux ans, mon fils, et il n’est jamais resté nulle part sans nous. J’ai des copines qui…. Et des mamans de copines qui… On a essayé, oui, quelques heures, une soirée, ça a été catastrophique.

À ce moment-là, je suis encore en plein dans le tunnel, ou au milieu du détroit par gros temps… quand est-ce que ça se calme? Si je dois attendre qu’il ait 10 ans, je ne vais pas y arriver, je ne vais pas tenir!

Un jour, quand je n’y croyais plus, je me retrouve de l’autre côté du tunnel. Il ne l’a dit à personne, Grand, mais il a suffisamment grandi pour être bien chez quelqu’un d’autre. Il est mûr.

Je sais que ça a l’air de ne jamais venir ce moment, que l’attente semble interminable. Je le sais parce que je revis régulièrement ces fulgurances de détresse avec Petit dont j’ai hâte qu’il puisse lui aussi exister un peu sans nous, pour qu’on puisse exister sans lui. 

Mais aujourd’hui, dans la salle de jeux, même fatiguée, même lassée de la garde et des majorettes, je suis plus sereine.

Ça va venir.

Ça va arriver quand je n’y croirai plus.

Courage.

 
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