À la librairie

 

Batailles choisies #159

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En deux mots:

Sortie dans une librairie ce matin pour que les enfants se choisissent des livres. Bientôt 5 ans, bientôt 2 ans et demi, vais-je éviter la galère, la honte et les regrets? Ou vais-je les traîner par les pieds sans livre et avec pleurs? 


 

Ce matin, nous sommes à la librairie française de Santiago où je me rends régulièrement. Elle vient de déménager dans un nouveau local, ça fait longtemps que je n’ai pas vu la libraire, j’ai envie de faire une petite sortie avec les enfants, 20 minutes en voiture aller et même chose retour, le matin pour éviter les grosses chaleurs, cultiver leur goût de la lecture, leur sens de la responsabilité en leur laissant choisir un livre chacun, bref: ça me semble une bonne idée d’activité.


Sauf que ce matin est un de ceux où j’envisage de déposer mes enfants sur le bord d’autoroute. Ils m’exaspèrent, mais vraiment, comment font-ils pour trouver dans la rue la seule flaque d’eau alors qu’il n’a pas plu depuis des semaines, respecter le chacun son tour uniquement si c’est pour refuser de s’habiller et me poser par minute dix questions qui me feraient rater l’examen du code de la route, si possible quand la conduite dans la capitale devient tendue, et me faire céder à leurs demandes en même temps - bon, d’accord, deux livres chacun, deux, ok, mais pas plus!  


On est arrivés. J’exhale un bon coup, j’imagine des livres jetés par dessus les tables, des pages arrachées, des crises d’enfants se roulant par terre. Je croise les doigts pour un inintérêt notable.  


À la librairie, les enfants sont délicieux. Je suis même heureuse de ne pas les avoir laissés sur le bord de la route. Petit s’enthousiasme pour un livre sur les fourmis, tu veux ce livre, sur les four-mis? - Viii! Ok, et celui-ci, sur le chantier, avec des machines? - Matchiiines! 

Pendant que je lis les livres choisis à Petit, pour l’occuper, Grand se comporte en habitué du lieu et en client exigeant. Maryline, la libraire, lui propose quelques albums, qu’il feuillette avec sérieux et attention sur une petite table montée exprès. Pour certains albums, certains personnages, il dit clairement: “non, je n’aime pas ce livre”. La libraire et moi l’encourageons, bien sûr, tu dois choisir des livres qui te plaisent, tu as le droit de ne pas aimer un livre. Il en rejette donc quelques autres avec assurance avant de jeter son dévolu sur un album et un imagier, très différents de ce qu’on a à la maison. Parfait, Grand, ces livres te plaisent, c’est bon?

Je suis fière de mes enfants, mais ne suis pas téméraire non plus: on paie et on y va, hein, on rentre montrer à Papa les nouveaux livres. 

Pendant qu’on attend qu’une cliente paie, Grand refait un tour dans les rayons, et revient me voir avec les livres qu’il avait choisis. “Non, je ne les veux pas”.

-Ah bon?

-Non, je veux ces livres! 

Il a vu deux livres de la collection des Drôles de petites bêtes, qu’on a souvent empruntée à la bibliothèque de l’école. Sympas, mais enfin… l’imagier sur les dinosaures et l’album avec de belles illustrations, c’était mieux. Et puis, on en a déjà plusieurs de ces bêtes dans notre bibliothèque et la collection est toujours pratique à recommander pour famille en panne d’idées cadeaux.

-Tu es sûr?

-Je peux avoir trois livres?

-Non, mon chéri, juste deux. 

-Ceux-là! 

-Et donc, ces très beaux livres, tu ne les prends pas, finalement?

-Non.


Apprendre la responsabilité, le choix, les laisser pousser seuls pour qu’ils poussent bien

Allez, avec un petit pincement dans mon gros cœur regonflé d’amour, on rentre.

 
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Heloise Simonlivre