Confinement - Jour 14
Batailles choisies #18
En deux mots: une respiration en plein confinement. Trois petits moments de joie avec mes enfants. Attention, bonheur familial, denrée hautement périssable.
Parce qu’il y a (aussi) des jours avec, j’ai écrit, pour m’en souvenir, trois jolis moments vécus aujourd’hui.
Trois éclats de rire bien mérités, au quatorzième jour de confinement : une histoire d’œuf brouillé, une partie de cache-cache qui commençait bien et un rangement de bibliothèque qui, lui, commençait mal.
“Un œuf brouillé”
Petit est fasciné par les œufs brouillés. Tous les jours, en général au saut du lit à sept heures du matin, il me tire dans la cuisine, monte dans son meuble d’apprentissage, ouvre le tiroir avec les poêles, en sort une, pointe la boîte à oeufs en émettant son grognement le plus décidé. Double peine, son idée fixe refait surface dans la journée, à heure variable, 10 heures du matin, 17 heures, 20h30. Donc, dans l’après-midi, et bien qu’il en ait déjà mangé un le matin, Petit me refait le coup de la poêle. Je lui dis, non, non, tu en as déjà eu un, ça suffit.
Alors, il me regarde avec ses grands yeux suppliants et adorables et lève son petit index, pour me signifier que s’il te plaît, maman, juste un seul.
“Une partie de cache-cache”
“2, 3, 4...”
Grand est en train de compter. Je me suis mise derrière une vieille tente qu’on a montée dans le jardin. Je suis plutôt contente de moi parce que je m’y suis mise sans bruit - Grand ne va pas me trouver immédiatement.
“6, 7, 8...”
Petit, qui saisit à peu près le jeu du haut de ses deux ans, s’approche de moi et s’écrase sur moi puis la tente dans un bruit fracassant de toile froissée au moment précis où résonne le “10”. Éclat de rire. Quelle discrétion.
“Grand ménage de confinement”
Grand est monté. Il s’occupe calmement depuis dix minutes. Mais à quoi ? se demande la mère qui trouve le silence toujours suspect. Je monte.
Grand trie les livres de sa bibliothèque. J’ai besoin d’aide, me dit-il. Ah oui, et qu’est-ce qu’il faut faire ? dis-je en regardant tous les livres étalés par terre.
Ici, je mets les livres que j’aime bien.
Et ici, je mets les livres que j’aime pas.
Et ici, je mets les livres que j’aime plus jamais, plus jamais de la vie.
Ah, bon d’accord.
Me voilà à lui montrer la couverture de tous les livres, un par un.
- Celui-là, Bonne nuit Lolotte ?
- Non, celui-là, tout en haut, plus jamais de la vie.
- Et Petit Loup est le roi de la galette ?
- Celui-là, oui, je l’aime, en bas.
Ici, ce soir, tout n’est qu’ordre et beauté.
