Maman sandwich

 

Batailles choisies #245

Une maman et deux enfants collants autour. 🥪


 

Un des plus grands plaisirs que j’éprouve en tant que mère, c’est de dormir avec mes enfants. J’adore. Je peux regarder frémir leurs paupières closes dans leur sommeil paisible et tranquille avec l’impression que le monde est beau. Je peux profiter de la douceur et de la chaleur émanant de leurs corps. Je peux sentir le souffle de leurs haleines fraîches sur mon visage. C’est un vrai plaisir des sens, innocent, plein de tendresse.


Le seul problème que j’ai, c’est que comme j’aime dormir avec eux, eh bien vous ne devinerez jamais quoi, eux aiment beaucoup dormir avec moi. Beaucoup trop. Si possible très près de moi. Encore mieux à demi sur moi. Bonus pour un pied posé sur mon ventre. Très bien si on me tire involontairement les cheveux. Encore mieux avec un genou dans mon nez.


Illustration:

Nuit noire. 

Dernier en train d’utiliser ma tête comme oreiller. 

Le soulever délicatement, le poser un peu plus loin dans le lit.

Entendre Milieu faire un cauchemar dans la chambre à côté, hurler “Maman”.

L’inviter dans le lit.

Me mettre entre Dernier et Milieu, le petit au sein calé sous mon avant-bras droit, l’enfant du milieu en cuillère, collé à mon dos.

Se réjouir parce que les enfants sont retombés chacun dans le sommeil qui leur appartient.

Être satisfaite de soi.

Sentir que Milieu reprend sa position de grâce, en étoile, une main sur mon nez, une jambe sur ma cage thoracique.

Être moins satisfaite de soi.

Trouver ses enfants collés moins beaux dans leur sommeil.

Être dans une position inconfortable, complètement coincée entre les deux gamins, épaules désaxées, bras qui fourmille, cou tordu, pressions sur le visage et la poitrine, humeur noire au-dessus de la tête qui pleut comme un nuage de bande dessinée.

Essayer de décaler Milieu avec la main, avec le coude, à coup de fesses, sans succès.

Le soulever sans délicatesse, le poser, le maudire et essayer de se rendormir.

Entendre Dernier qui geint.

M’attaquer au grand chambardement des enfants pour faire téter Dernier sans réveiller Milieu.  

Les bras en fourche de manutention, déplacer péniblement Milieu de l‘autre côté du lit, m’installer au centre, mettre Petit sous le coude gauche et au sein gauche.

Retenir ma respiration en espérant que tout se tasse.

Sentir Milieu se rapprocher subrepticement et se recoller à moi. Effectivement, ça se tasse.

Me prendre un coup de coude.

 Me tordre pour éviter le coup de genou dans le creux du dos.

Abandonner.

Accepter son sort de sandwich de Maman.

Quel plaisir, vraiment, de dormir avec ses chérubins.   


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