Un colis cadeau

 

Batailles choisies #255

Un colis a été envoyé par ma sœur. Toute la famille se réjouit de l’ouvrir! Mais que peut-il bien contenir? 📦


 

Saviez-vous que lorsqu’on est confiné avec ses enfants, toute ouverture de colis est un peu le matin de Noël?

Ma sœur, qui vit aussi au Chili mais sur la côte Pacifique, nous a envoyé un paquet. J’ai une petite idée de ce qu’il contient et ai hâte de l’ouvrir seulement voilà: je n’aime pas ouvrir les colis dans la précipitation. Alors malgré l’insistance de mon mari qui est allé le chercher à la Poste et adore, lui, ouvrir immédiatement les paquets, exactement comme l’enfant qu’il était et est encore les 25 décembre au matin, j’attends.

Une heure puis deux passent, puis l’après-midi, puis le lendemain, puis une fenêtre de sérénité s’ouvre: voilà, chéri, je vais ouvrir le colis!

-Attends, attends, crie-t-il, je préviens les enfants! Les garçons, venez vite, on va ouvrir un cadeau envoyé par Tata! 

-Un cadeau? demandent-ils depuis le fond du jardin. 

-Oui, elle nous l’a envoyé depuis Valparaíso!

Grand lâche sa brouette, Milieu abandonne son petit camion, tous les deux sprintent, “moi d’abord, moi d’abord!” lancent-ils avec joie.

Nous nous installons tous dans la salle à manger, le colis posé au centre de la table. Mon mari prend Dernier, qui ajoute ses grands yeux toujours étonnés à l’ambiance d’excitation

-Tu l’ouvres, Maman, tu l’ouvres?

-Non, attends! crie Grand en arrêtant mon geste. Il manque quelqu’un. Abuelita, Abuelita! Viens, un cadeau! C’est Tata qui l’a envoyé!

Abuelita lâche ses casseroles et nous rejoint.

Mon mari soupèse le colis bombé, oh, son poids est bon signe. Ma belle-mère adore les surprises, elle galvanise ses petits-fils d’exclamations aiguës. Grand m’aide à tirer sur le scotch qui se déchire à grand bruit. Milieu sautille de joie, dit “moi, voir, moi voir!”

La fente pratiquée dans le carton laisse entrevoir...

Je crois deviner…

Mon mari croit deviner, se voyant déjà dévorant les barres chocolatées…

Mes enfants devinent aussi dans ce carton des sacs et des sacs de bonbons! 


On ne devine pas pareil, de toute évidence.


Le colis contient un sachet de noix, un de pommes séchées et un d’abricots secs.

J’exulte: “Oh, génial! C’est la production des anciens propriétaires de Tata! Ils ont des abricotiers dans le Nord du Chili, vers Iquique. Leurs fruits sont bios et séchés au soleil!”

Ma joie trouve peu de supporters.

Mon mari et ma belle-mère s’efforcent de cacher leur moue de déception - le père Noël français doit manquer de moyens, pensent-ils sans doute.

Les enfants ont un air de poule ayant trouvé un couteau.

Je tente un: “Tu te rappelles, Grand, quand on allait en randonnée ensemble, on préparait un délicieux en-cas, on prenait un thermos de thé et ces noix fondantes et ces abricots secs, les meilleurs du monde!”

Mon enthousiasme est accueilli par la question sur un ton innocent: on peut retourner jouer, Maman?


Ça n’intéresse donc personne à part moi, ces fruits secs?

Oh, moi qui me cache dans la cuisine pour manger des chocolats sans avoir à en donner à mes enfants et qui planque les bonnes barres chocolatées pour filer les moins bonnes à mon mari, je vais donc pouvoir ouvertement manger ces délices!

Oh, Tata, quel cadeau!


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