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Petits cadeaux, grands sourires
 

Batailles choisies #561

Le gâteau d’Obélix, ou comment offrir un cadeau aux trois enfants quand on n’a d’argent que pour un seul… (diplomatie +, stratégie ++, mensonge +++) 🍰


 

En déplacement professionnel à Buenos Aires, je me mets en quête d‘un maillot de foot à ramener à Milieu. Évidemment, je ne peux pas aller en Argentine sans en ramener un à mon tifoso préféré, et chérir, en même temps que la promesse de son beau sourire de joie, le doux rêve que mon fils devienne, un jour, une star de ce sport pour lequel je n’ai aucun intérêt.

Les voies de l’amour maternel sont parfois mystérieuses, n’est-ce pas? 

Si on m’avait dit, il y a quelques années, que je regarderai un maillot de foot, sport qui je le répète, ne m’intéresse pas du tout, à 60 euros, qui sera porté tout au plus deux ans, en me demandant sincèrement si je vais l’acheter, je ne l’aurais pas cru. Mais je ne peux pas m’empêcher d’imaginer Milieu, tenant entre ses mains ce trésor, je ne peux pas m’empêcher d'imaginer ses yeux étinceler de joie, son sourire lui manger le visage, non, je ne peux pas m’arrêter de rêver à cette douce récompense d’être parent! Puisque je vais sous peu à Buenos Aires, j’y trouverai ce qu’il me faut - à moins de 60 euros, on n’abuse pas non plus sur l’amour maternel. 


Problème: rapporter un cadeau à l’un de mes enfants mais pas aux autres risque de nous créer à tous un tas de problèmes. C’est le deuxième et dernier jour de ma formation, mon avion est dans quatre heures et j’arpente donc Buenos Aires, en ignorant superbement qu’on peut y visiter des lieux et y voir des choses, les pieds seulement mûs par la bonne idée qu’on m’a donnée: à une dizaine de pâtés de maisons se trouve le Chinatown de Buenos Aires, de quoi y trouver un maillot de contrefaçon et des prix de consolation pour Grand et Dernier. Sous les lampions rouges et jaunes, je dois jongler entre les prix annoncés en pesos argentins qui ne m’évoquent rien, la petite liasse de billets constituant la totalité de ce qui me reste de mes frais de bouche à diviser en quatre parts (le maillot de foot pour Milieu, un cadeau pour Grand, un cadeau pour Dernier et un petit quelque chose à manger pour moi qui rentre ce soir tard), les pièges de l’inflation et du taux de change, l’impossibilité de faire accepter une carte de crédit étrangère et le peu de temps dont je dispose pour mes emplettes de daronne pour cocher ma checklist: j’ai mangé un petit sandwich, check; j’ai acheté une babiole pour Grand et une pour Dernier, double check; j’ai trouvé un maillot de Messie, quadruple check. 


De retour à la maison, de retour à mes enfants, le lendemain matin, l’heure est venue d’être la mère Noël. Cérémonieusement, je donne d’abord à Dernier son présent, une pièce en toc, ferraille grossière frappée de caractères qui veulent sans doute dire quelque chose, ducat bon marché que mon dernier-né retourne dans tous les sens d’un air incrédule. Quant à Grand, il a droit à un bracelet rouge d’où pendent des breloques dont la qualité, même à l'œil, laisse à désirer. J’accompagne mes deux sous-dons d’une explication sur l’importance des relations entre l’Argentine et la Chine ou un truc bateau dit d’un air sérieux, que mes deux offensés gobent avec confiance. Vient le moment tant attendu, le maillot de Messie, que j’offre avec tout mon amour maternel à Milieu, qui m’offre en retour le plus beau des sourires, les plus pétillants des yeux et les plus doux des baisers… 


Mari me glisse, amusé, après ces cadeaux en hauts et bas

- C’est quoi, ces merdouilles que tu as ramenées?


Un poil vexée, alors que j’ai quand même réussi à m’acquitter de ma mission avec brio, j’ai envie de me récrier, comme Obélix: ben quoi? On a dit quatre parts! Personne n’a dit qu’il fallait qu’elles soient égales!

Je suis un poil vexée, mais juste un poil parce que mes doux enfants ne se rendent heureusement pas encore compte que les parts ne sont pas égales et que c’est vrai que seul Milieu a eu un vrai cadeau et que les deux autres ont eu des… merdouilles, oui, oui, c’est bien ça.  


Dernier, qui ne sait vraiment pas quoi faire de cette pièce affreuse, l’a mise dans son camion préféré, un camion-poubelle, qu’il joue à décharger à grand renfort du tuuut, tuuut. Et, ma foi, c’est une utilisation de ce cadeau qui me semble juste, et on en sourit. Grand, d’abord tout heureux que ses breloques tintent et résonnent dans toute la maison, vient bientôt me voir en me demandant si c’est normal qu’elles soient déjà cassées, elles se sont cassées toutes seules, et on en sourit aussi. Milieu est parti taper le ballon dans le jardin avec son nouveau doudou, et on sourit. Mari n’arrête pas de me taquiner de ce que j’ai ramené et on rit tous les deux de bon cœur, caressés par la bonne humeur de la famille.


Les plus petits cadeaux sont souvent les plus grands.


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Cadeau
 

Batailles choisies #419

Trois enfants, trois cadeaux: défi diplomatique et champ de mines. 🪖


 

Un samedi matin, nos deux aînés jouent aux Lego. Ils font chaud au cœur à entendre, Grand donnant des instructions à Milieu, le sous-marin passant sur le lit, sous le lit, au milieu d’un échafaudage de plans compliqués et d’histoires pas possibles. Mon mari doit aller acheter un cadeau pour l’anniversaire du fils d’une collègue. Plein de tout son amour paternel, plein de son optimisme attendrissant, il profite de son passage au magasin de jouets pour acheter à ses trois garçons qu’il adore des jouets qu’ils vont adorer: 

- Tiens, Dernier, pour toi, une petite balle de foot!

- Da!

- Tiens, Grand, pour toi, une voiture de police en Lego!

- Génial!

- Tiens, Milieu, pour toi, un hélicoptère en Lego!

- Hélicoptèr’? Et ma voiture de police?


C’est l’incident diplomatique. Milieu aussi veut une voiture de police. Non, l’hélicoptère, il n’aime pas. Non, il ne veut pas jouer avec un hélicoptère, il veut une voiture de police. Une voiture de POLICE.

Il est 11h30 du matin et, sous l’influence certainement d’un peu de fatigue et d’une petite faim, Milieu fait une crise d’envergure. Il pleure, se roule par terre, essaie de nous taper, passe son temps à demander à son frère de lui prêter sa voiture de police, pleure à chaudes larmes, hurle depuis l’escalier, ne veut rien manger, ne veut rien faire, ne veut rien tout court d’ailleurs, que pleurer. C’est, pour dire les choses rapidement, un méga caprice pour un petit Lego. 



Mon mari est complètement pris de court par cette réaction qu’il n’attendait pas. Il se fâche, trouve que nos enfants sont vraiment des mal élevés, des ingrats, des capricieux. Et puis quoi encore, je lui achète un cadeau et il me fait cette scène! Plus jamais de cadeau dans ce cas!

Et puis quoi encore, lui racheter une voiture de police pour un caprice?


Outré, il m’adresse des regards qui demandent du soutien et une grande fermeté. Je renvoie des regards attendris, patients, pleins d’empathie. Je te soutiens, oui, c’est vrai, c’est pénible… c‘est surtout, mon chéri, que je connais bien le problème! Comme je te comprends! Ça m’est arrivé un certain nombre de fois… on arrive, on a prévu un super truc, vraiment on est sûr et certain que ça va leur plaire: un super pique-nique, une super sortie, un super cadeau. Et puis arrivés au jour J, à l’instant T et au moment M, les enfants sont horribles. Attention, je dis bien: horribles. Pas: ils sont un peu fatigués et ne répondent à votre enthousiasme qu’avec un miroir mou. Pas: ils sont contents mais ils ne jouent pas autant qu’espéré. Pas: ils n’aiment pas vraiment mais disent merci tout de même. Non! Je dis bien horribles: vous avez prévu une activité peinture et ils la versent dans un pot de fleurs; vous avez prévu un pique-nique avec tous leurs en-cas préférés qu’aujourd’hui ils détestent et ils chouinent parce qu’il n’y a que des bâtonnets de concombre; vous les avez emmenés faire une sortie à leur parc préféré et ils ne font que se lancer des graviers dessus. Horribles.

Et vous êtes là, avec votre cœur brisé, votre patience à vif et votre gueule enfarinée.


Mon mari, la gueule enfarinée donc, se refuse, se refuse absolument à céder à un tel caprice, il faut être ferme. Au bout d’une bonne demi-heure de caprice, alors que tout laisser présager un déjeuner terrible et que je le vois osciller entre fermeté et faiblesse, il dit doucement:

- On ne va pas passer la matinée à ça. Et puis quoi encore, lui racheter une voiture de police pour un caprice? Si je cède, c’est la fin de tout. Ou bien on passera à autre chose.

Lui qui a oublié dans son enthousiasme d’acheter le cadeau pour l’anniversaire et doit y retourner, retourne au magasin de jouets. 

La colère passée, on se dit… juste… qu’on a mal joué. Qu’on s’est fait avoir comme un bleu. Acheter des jouets différents, quelle bêtise, mais quelle bêtise vraiment!


Céder, c’est parfois la bonne solution.

- Regarde Milieu, regarde! Papa est revenu!

- Tiens, Milieu, une voiture de police pour toi.

- Merci Papa! Vroooum.

Milieu et son frère partent dans un grand vrooum joyeux jouer avec leurs petites voitures.

Mon mari, avec malice, me dit qu’il lui a coûté cher, l’anniversaire du fils de sa collègue. 

On se regarde et on éclate de rire.

Allez, c’est cadeau.


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