S’éveiller au féminisme

 

Batailles choisies #272

Vous êtes devenue féministe ou êtes devenue plus féministe encore en devenant mère? Cet article est pour vous. ✊🏻


 

Il y a quelques jours, j’anime un groupe de parole pour parents. Les mères qui participent disent toutes que la maternité coïncide avec leur féminisme: soit elles se définissaient déjà comme féministes et le sont devenues davantage en étant mères, soit leur maternité les a fait embrasser un questionnement féministe. 

Quel rapport entre maternité et féminisme, alors? Pourquoi la maternité les a-t-elle (re-)éveillées au féminisme? 


Violaine Dutrop a cette formulation élégante dans Maternité, paternité, parité: les femmes, écrit-elle, voient “une contradiction entre les intentions et valeurs affirmées [autour de la famille et de l’égalité f/h] et les ambitions des politiques effectivement engagées”.

Les femmes, pour le dire avec moins d’élégance, se font arnaquer.

Il y a tromperie.

Duperie.

À ce niveau d’organisation sociale, on pourrait parler de vol en bande organisée.


Ce sentiment d’arnaque est intimement ressenti dès lors qu’on devient mère: on le sent dans sa chair, on le vit au quotidien, on baigne dedans, on n’y échappe pas.

Les formes que prend l’escroquerie sont multiples et concernent tous les domaines de la parentalité, comme ont témoigné les participantes au groupe de parole. 

On parle de la famille comme socle de la société, et pourtant le travail parental est à la fois invisibilisé et dévalorisé: une femme au foyer, dont le travail est donc de s’occuper de son ou ses enfants, est sans cesse renvoyée au fait qu’elle ne travaille pas - passez une journée avec trois enfants de moins de six ans et vous verrez à la fin si vous vous sentez en vacances. 

On parle d’égalité de responsabilité entre père et mère mais l’absence du père de son foyer est organisée au niveau institutionnel: pas de congé paternité égalitaire, pas d’incitation à ce que le père s’occupe de ses enfants, discours de naturalisation de l’amour maternelle pour excuser (et organiser) l’incompétence des pères - oh, c’est surtout ma femme qui s’occupe des enfants parce qu’elle est plus patiente que moi. 

On parle de soutien dans la conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle - mais il n’y aura pas de places en crèche avant six à neuf mois, Madame.


Ce ne sont que trois points abordés par les mères durant le groupe de parole. Toutes les mères ont des centaines d’exemples de ce sentiment d’arnaque qui les habite et les brûle de l’intérieur. Oui, “brûle”, car le pire quand on se sent volé, c’est qu’on nous fait passer pour folle. Oh, tu vois le mal partout! Mais je t’assure que non, il n’y a pas de vol, c’est toi qui imagines des choses.


Les mères ont une imagination bien vive, me direz-vous. Ou est-ce qu’elles ont une perception aiguë de la contradiction entre les beaux discours et les faibles politiques réelles pour l’égalité?

Et vous, un exemple concret de cette contradiction, AKA arnaque, ft. le Patriarcat?


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