Les enfants, ça rend modeste

 

Batailles choisies #306

Les enfants vous apprennent, certes, l’amour, la patience, la bienveillance, la joie, le rire, mais ils vous apprennent surtout la modestie. Merci à eux. 🙏


 

Je pense souvent à cette phrase qui ouvre un des livres de parentalité de Faber & Mazlish: “avoir des enfants, ça rend modeste”.  

J’y pense très souvent.


J’y ai pensé quand ma belle-sœur, enceinte, m’a dit qu’elle savait déjà tout sur le sommeil des bébés parce qu’elle venait de suivre un cours.

J’y ai pensé quand une amie, dont la fille était petite, m’a dit qu'elle allait faire uniquement des couches lavables. 

De mon côté de ces conversations, je leur faisais part de mes échecs: couches lavables, j’ai essayé et je n’ai pas tenu; le sommeil des enfants, chez moi, c’est l’horreur, ils se réveillent toutes les nuits, ne s’endorment pas seuls. 

Les deux, ma belle-sœur et mon amie m’ont reproché mes échecs - pas directement, mais avec leurs yeux. Vous les connaissez, ces yeux? Ils disent: “ma pauvre” et puis surtout: “moi j’y arriverai mieux”. Ce sont des gens que vous aimez, qui s’efforcent d’être bienveillants, mais dont vous sentez quand même qu’ils vous jugent.


Et devinez quoi?

Ma belle-sœur galère avec son nouveau-né qui ne dort que sur elle. Mon amie n’a fait les couches lavables qu’épisodiquement - et a arrêté à la naissance de son deuxième enfant.


Ces nouveaux ou futurs parents-là qui vous regardent en se disant que très peu pour eux, je ne leur jette pas du tout la pierre. 

D’abord, parce que j’ai posé exactement le même regard qui-ne-te-juge-pas-mais-un-peu-quand-même: mon aîné est un très bon mangeur donc, n’étant pas peu fière, j’abreuvais les autres parents des recettes de mon succès, j’expliquais qu’il fallait faire ci ou ça. Mon deuxième ne mange quasiment rien.

Ensuite, parce que je crois sincèrement que c’est un réflexe de survie, humain: de se dire que nous, on va y arriver, qu’on va y arriver mieux. Ça marche pour: Voir mon salon transformé en salle de jeux? Jamais! - Acheter des petits pots, ah non! - Me battre chaque matin pour qu’elle aille à l’école, certainement pas!

Enfin, parce que parents d’un seul enfant auquel on a du temps à consacrer, futurs parents ou nouveaux parents, on a encore le luxe de faire un petit peu l'autruche sur une réalité qu’on ne se lassera jamais de rappeler: être parent, c’est dur. C’est vraiment dur. Il n’y a pas de solutions aux difficultés et à la responsabilité d’élever un être humain, il y a simplement des jours où ça marche mieux et des jours où ça marche moins bien. Avec un enfant, le mur de la réalité est déjà là. Avec plusieurs enfants, vous y cogner est devenu votre loisir principal. 


Je sens que balayer les problèmes que vivent les parents d’enfants plus grands que les miens (problèmes à l’école, adolescence difficile, vie sociale inquiétante) reste une tentation chez moi. J’ai envie de croire que ça ne m’arrivera pas. Sauf que mes enfants me rendront modeste et que ça m’arrivera.  


On pourrait peut-être se promettre quelque chose, en tant que parents, en cette semaine de rentrée? Si on nous livre une difficulté, si on nous demande conseil, on pourrait se mettre d’accord pour écouter beaucoup et juste dire:

Ben fais comme tu peux.


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