Un jour, à l’école

 

Batailles choisies #317

Qui est donc ce garçon qui met la table du petit-déjeuner, s’habille, se lave les dents tout seul et me presse presse presse pour qu’on y aille, là? Sans doute un garçon qui aime l’école. 🏫


 

Un jour, Grand se sera transformé en adolescent mou qui ne veut pas sortir de son lit, ne veut pas aller à l’école et n’aime rien faire.

Un jour avant celui-là, peut-être, j’aurai un garçonnet qui s’ennuie à l’école et ne veut pas y aller, traîne des pieds et n’aime rien faire.

Mais pour l’heure, aujourd’hui, j’ai un garçon qui ne veut qu’une chose: aller à l’école.

Il se lève et s’habille aussitôt - où est donc le garçon qui légumait en pyjama jusqu’à la dernière minute?

Il met la table du petit-déjeuner et me demande de lui toaster son pain tout de suite - où est donc l’enfant qui retardait l’heure de la tartine?

Il monte se laver les dents en courant dès qu’il a mordu dans sa dernière bouchée - où est le garçon qui disait que non, non, non, il n’aime pas se laver les dents le matin et pourquoi pas juste le soir d’abord?


Grand a bien grandi. 

Il apprend à écrire son prénom en lettres cursives, Maman, c’est super difficile!

Il a découvert l’intérêt que d’autres enfants existent sur Terre: il a des amis et beaucoup d’amies.


Ce matin encore, je le regarde alors qu’il file vers sa salle de classe, qu’un chemin de gazon artificiel entouré de délimitateurs jaunes, protocoles sanitaires obligent, indique.

Il a un air ravi puisque, arrivé à l’ouverture, il va être le premier - comme ça je vais avoir beaucoup de temps pour jouer avant de commencer les activités!

Ce matin encore, je le regarde sautiller vers sa salle et adresser un bonjour joyeux à son Atsem.

Quinze, vingt secondes d’un temps suspendu, chaleur qui inonde mon cœur de maman, retarder mon retour à la maison pour le plaisir de le voir partir tout guilleret, le regarder prendre les coudes du bref chemin vert et jaune, voir qu’il ne se retourne pas, voir que mon enfant est heureux, voir que mon enfant est heureux sans moi.


Un jour, sans doute, ce garçon-là sera remplacé par ses doubles maléfiques, les râleurs, les grincheux, les mous, les lambineurs, les rebelles, mais pour l’heure, on a bien le droit, lui et moi, de profiter de l’heure matinale et du bonheur partagé de ce jour.


Batailles en vrac⭣

 

Batailles rangées⭣

Heloise SimonGrand, école