Fin des vacances

 

Batailles choisies #379

Il existe des moments dans sa vie de mère, rares, brefs, précieux, où l’on se sent en phase avec sa vie. Chère lectrice, cher lecteur, regardons ensemble un de ces rares moments crever et dégonfler sans dignité comme un ballon de baudruche. 🎈


 

Un jour.

Je m’en sors bien en ce moment.

J’aime bien ma vie.

(petit ballon riquiqui)

Elle prend forme. J’ai l’impression qu’elle mûrit.

Que, peut-être, j’ai fait le plus dur, avec les enfants.

(je souffle dans le ballon, qui gonfle)

Tiens, un truc tout bête: je n’ai plus l’impression de passer mon temps à faire des lessives ou bien la cuisine. Je ne suis pas constamment en train de ranger des jouets ou ramasser des vêtements qui traînent. Du coup, la maison est beaucoup plus agréable! Plus propre, mieux rangée. 

(on souffle, on souffle, on souffle et la baudruche enfle gracieusement!)

Peut-être que c’est parce que les enfants grandissent?


Ou parce que les deux grands sont en vacances une semaine chez leur grand-mère?

Peut-être bien, mais enfin, ça ne fait pas tout.

(quel beau ballon, à la peau presque transparente à force d’être gonflé...)

Non, je crois que notre vie va vraiment en s’améliorant et puis quoi, j’ai bien le droit parfois de nous jeter des fleurs, d’être sur mon petit nuage, gonflée de fierté!



Le lendemain.

Les enfants! Les enfants, on y va! Allez, allez, ça fait quinze fois que je vous le dis. Non, mais Milieu, elles sont où tes chaussures, Grand arrête de jouer et va te laver les dents, oui, oui, j’ai pris de l’eau, allez, ah non, un goûter, je vous ai dit on sort, les grands vous vous faites vacciner, et Dernier va à la crèche, allez, mais arrêtez de vous chamailler, c’est la dixième fois que je vous demande de prendre un jouet chacun, non, pas tous ces jouets, Milieu, enfin! Bon, deux. Allez ok, quatre. J’installe Dernier dans son siège, ok? Mince, mon portable, il est où. Mais quoi, qu’est-ce qu’il y a encore, oui, je t’aide à faire sortir le dentifrice, Grand, je ne sais pas où est ton autre chaussure. Grand, quel livre tu choisis? Aucun? Tu boudes? Non, mais Milieu, c’est pas le moment de demander une tartine, allez, on n’a pas le temps là, attends, je vais te coiffer, je reviens avec la brosse. C’est bon, Grand? Mais il est dégoûtant ton t-shirt, change-toi quand même! Et vos masques? Ah, le mien!  


Bon, trois enfants sur trois installés, trois sacs sur trois prêts, peut-on appeler ça une réussite? Certainement si je n’étais pas, à 8h52, déjà crevée, avec l’impression d’être la plus grande des looseuses. Je retourne sur mes pas pour la septième fois, la dernière, afin de verrouiller la porte. Depuis le perron, je regarde le couloir et le salon. 


Schuiiiiiiinnnnn….


Une des boîtes de rangement a été renversée. Tous les jouets qu’elle contenait (petits blocs, minuscules figurines, riquiquis personnages) sont éparpillés. Le sol est terriblement sale, traces de pieds mouillés, traces de chaussures terreuses, miettes du petit-déjeuner. Dans le jardin aussi, c’est la bérézina de jouets, ici les boules de pétanque, là les maillots de bain, là-bas mon seul saladier avec lequel les enfants s’amusent à faire des soupes de terre et de feuilles.


Pffffuuuuuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit.


Mais les grands ne sont rentrés qu’hier soir! Ils n’ont même pas passé trois heures à la maison!


Je me suis bercée d’une douce illusion!

La morale est implacable: je m’en sors mieux avec un seul enfant! Pourtant j’en ai irrémédiablement trois!

Je claque la porte, me jette dans ma journée en m’installant au volant, la crèche pour deux heures, pendant ce temps le vaccin, après, rentrer et le déjeuner, la sieste puis il faudra trouver une idée de sortie, une journée commune et haute en ballons colorés, à moins que je ne sois en fait la capitaine de l’Hindenburg maternel.


Batailles en vrac⭣

Batailles rangées⭣

Heloise Simonespoir, frères