Le grand bain
Batailles choisies #408
Privilège de regarder son enfant nager, apprendre, jouer, ou les trois en même temps. 🏊♂️
Matinée à la piscine où nous avons nos habitudes. Mon mari s’occupe de Dernier, Mamie joue avec Grand, j’ai donc le privilège de rester avec Milieu.
La piscine a un grand bassin d’une profondeur constante, 1,35m. Il y a des creux, des coudes, des jets jaillissants, un passage à l’extérieur, de quoi s’amuser partout. Pourtant, Milieu reste dans un coin, là où trois marches, sur toute la longueur de la piscine, descendent dans l’eau. Son jeu consiste à nager juste au-dessus des marches, ou bien juste à côté, toujours de manière à ce qu’il puisse, au besoin, s’impulser avec ses jambes pour remonter là où il a pied. Son deuxième jeu est de faire la course d’un bout des marches à l’autre, lui nageant contre le bord, moi marchant à côté de lui. Il fait le dauphin, mais à quelques centimètres d’une surface rassurante. Il saute, plonge et s’ébroue, mais là où il a pied. Des heures passées ainsi.
Il m’impressionne et m’amuse, ce petit. Il nage sans bouées depuis plusieurs mois déjà. Il a même été capable de traverser plusieurs fois la piscine. Mais c’est sa façon d’apprendre qui me fait fondre: il apprend dans son environnement, sous contrôle, avec les limites qu’il s’est fixées, qu’il a fabriquées pour lui-même. Il faut que je précise, en retenant ma poitrine d’exploser de fierté sous mon t-shirt, qu’il a appris tout seul à nager, dans le sens où aucun des adultes autour de lui ne lui a consacré d’attention particulière. Il a commencé par barboter avec des bouées bien sûr, puis sans bouées, accroché à son papa ou sa maman. Il a eu une période où tout ce qui l’intéressait, c’était de sauter dans l’eau, en nous tenant la main, jeu assez lassant je dois dire. De même que cette autre période où il fallait qu’on reste sur les marches et son seul jeu consistait à sauter vers la grande profondeur en nous serrant fort la main et à revenir en battant des pieds.
Puis un jour, impressionnée, je l’ai vu mettre bout à bout les compétences qu’il avait apprises tout seul dans son coin avec des jeux lassants, et nager. Je m’ébahis souvent de ce gosse qui apprend par lui-même, qui a une connaissance très fine de son corps, de ses capacités, de ses limites, qui est capable de se créer des étapes d’apprentissage, qui est suffisamment têtu pour savoir que non, il n’ira pas dans le grand bain. Non! Lui il veut ici, ici dans le petit bassin où il fraye entre ce pour quoi il se sent près et ce qu’il acquiert petit à petit.
Quel privilège de le voir ainsi se tester et apprendre à se connaître!
Quel privilège de m’ébrouer avec lui dans le petit bassin et de l’accueillir à bras ouverts dans le grand bain de l’amour maternel!
