Un mars, et ça repart!

 

Batailles choisies #409

Je reprends une vie de mère qui travaille en dehors de chez soi… et donc de mère stressée à l’idée que ses enfants soient malades. Sacré mois de mars, va! À peine arrivé, tu me mets déjà à genoux. 🗓


 

Il est une heure du matin. J’ai Dernier contre mon sein, qui tète pour s’hydrater et se rassurer. J’attends que le médicament fasse effet, que sa température baisse. J’ai déjà été réveillée deux fois par mon petit, fiévreux depuis hier.

C’est reparti.

C’est reparti pour les mauvaises nuits d’un bébé malade.

C’est reparti et on n’est que le premier jour du mois de mars.

Ah, mois de mars! Je t’ai attendu avec bonheur autant qu’appréhension! Tu es vraiment arrivé, hein, avec tes joies et tes alarmes?


Les chiliens ont une phrase toute faite pour parler de la période que je vis: “llegó marzo”, c’est-à-dire “mars est arrivé”. Mars, c’est le septembre français: c’est la rentrée scolaire, ce sont les courses pour les fournitures, c’est le rythme effréné d’un début d’année quand enfants et parents replongent avec difficulté, après les congés d’été, dans la course de fond d’une année scolaire normale. “Mars est arrivé”, ce sont aussi les coups de massue financiers qui enfoncent bim après boum les parents: vignette de la voiture, chère; inscriptions à l’école et à la crèche - trop chères; frais de rentrée, nouvelle paire de chaussures, sac à dos, un ou deux pulls quand même - chers, chers, chers. Surtout, pour moi, pour une mère qui travaille, mars, c’est le retour du pire du pire du stress du terrible du désespoir de sentir qu’on est dimanche soir, que son bébé à l’air malade et que demain, on nagera en pleine m… pardon, en plein mars.


Mars et c’est reparti pour les mains tremblantes qu’on pose sur les fronts chauds, sur les nuits blanches à soigner un bébé qui se sent mal, sur le dilemme de l’amener ou non à la crèche, sur le faux espoir, regarde, il va mieux, rapidement pulvérisé en non, il a de nouveau de la fièvre, sur les courses chez le médecin pour les ordonnances et les arrêts-maladie.

Ma maman part dans quelques jours. La grand-mère chilienne ne conduit pas.

Mars, c’est la fin des solutions de repli. 


Il est une heure du matin, le 1er mars, je perçois la lumière orangée du lampadaire de la rue, moqueuse, qui me susurre: ben oui, ma grande, mars est arrivé…

C’est reparti pour mars et ses angoisses.

C’est reparti pour mars et le cœur qui flanche quand on a un appel manqué de la crèche.

C’est reparti pour faire comme si les enfants en bas âge et un travail normal étaient compatibles.

C’est reparti pour le cortège de mauvaises nuits, pour les réveils qui sonnent à 7 heures du matin alors qu’on a à peine dormi.

C’est reparti pour le manque d’énergie, pour le funambulisme sur la corde de sa patience et sur le fil de son sommeil.


Vous n’auriez pas un Mars?

Parce que là, ça y est, c’est mars et ça repart…


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