Confinement - Jour 40

 

Batailles choisies #44

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En deux mots:

Suite du billet précédent, où je cherche à (me) convaincre qu’on peut être écrivaine, faire une carrière artistique, et parler de ses enfants. On s’acharne et on réfléchit grâce à www.visuelles.art.


 

Je continue ma réflexion sur littérature et maternité, sur l’(in)compatibilité entre les deux. S’il n’y a pas de raison que la maternité soit un frein à la littérature, en tant que pratique de l’écriture (les enfants, même les pires, même les vôtres, n’empêchent pas d’écrire, quoique, nuances dans un prochain billet), il y a en revanche des raisons pour que la maternité soit un frein à la littérature en tant que carrière. Car la littérature est une carrière. Ce n’est pas une nébuleuse où flottent le talent, la chance, les personnes rencontrées au bon moment, et où on devient auteur.e par une série de hasards. 

La littérature est une carrière.

Qu’est-ce qu’une carrière artistique? Je m’appuie pour ces billets sur l’excellent site www.visuelles.art où l’on déconstruit ce que le genre fait à l’art. Dans cet entretien, la chercheuse Marie Buscatto définit ce que sont les trois axes d’une carrière artistique : entrer, rester et être reconnue

Ces trois axes équivalent à trois questions :

  1. comment devenir l’artiste qu’on souhaite devenir?

  2. comment continuer à produire tout au long d’une carrière?

  3. comment faire reconnaître son travail dans ce que les autrices de Femmes artistes dans l’ombre des grands hommes nomment “les circuits de diffusion et de légitimation” (trouver un public qui permette de vivre de son art, pour la diffusion, gagner des prix en gros, pour la légitimation, les deux s’aidant)?

Marie Buscatto parle des femmes artistes. Je voulais juste adapter ses interrogations aux mères, d’après mon expérience, mon vécu. Entrer, rester et être reconnue en tant que mère.

Entrer, mais où? Rester, mais comment? Être reconnue, mais par qui?

Entrer, mais où? La parole maternelle a son genre: magazine féminin, magazine psycho, et son public. Elle est perçue comme une niche. Elle n’est pas perçue comme étant littéraire en soi, c’est même l’inverse. Le pitch de votre roman? C’est le récit d’une jeune mère… Ah (inintérêt poli immédiatement décelable).

Rester, mais comment? Si le récit du foyer, de la famille est acceptable pour un début de carrière essentiellement autobiographique, il faudrait peut-être écrire un peu sur autre chose, non? Quelque chose de plus sérieux, de plus universel?  

Être reconnue, mais par qui? Ce problème découle des deux autres. Parce que la parole maternelle cantonne aux salons littéraires peu courus et aux bibliothèques de petites villes de Province, parce qu’enfin, on ne parle jamais allaitement ni fucking four dans les cercles mondains.


Demain, dernier billet sur ce sujet, dans lequel j’espère vraiment fort, mais alors vraiment très fort, arriver à la conclusion que oui, on/je peut/x devenir une écrivaine reconnue en parlant de ses/mes enfants.

 
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