Fleurir - la 600e

 

Batailles choisies #600

Être parent, c’est aussi se tromper sur toute la ligne avec son enfant… et trouver que c’est merveilleux - un post tout en tendresse pour la 600e Bataille Choisie. 🌹


 

Grand ne sait pas se faire des amis.

Grand joue tout seul dans la cour de récré, c’est très inquiétant…

Grand est trop exclusif dans ses amitiés.

Grand n’a que des amies filles.

Grand n’aime pas le sport.

Grand est têtu et a peur de la nouveauté.

Grand ne sait pas se dépasser ni dépasser ses peurs.

Grand n’a pas le sens de l’effort.


Qu’elles me paraissent désormais lointaines, et ridicules, toutes ces inquiétudes que Grand a balayées en quelques mois! 

Ah oui, parce que, désormais, Grand veut inviter toute la classe à son anniversaire- ben oui, me dit-il en riant, je suis ami avec tout le monde!

Grand est invité chez un ou chez une amie un week-end sur deux.

Grand s’est pris de passion pour l’escalade et demande d’en faire tous les jours, ou au moins une fois par semaine si c’est pas possible tous les jours. 


Et qu’ai-je fait pour qu’il change ainsi?

Rien.


Grand qui a plein d’amis et ne reste pas accroché à ses premières amitiés, c’est déjà une fleur, une douce fleur des champs; Grand qui adore l’escalade, c’est la plus belle des fleurs, une rose splendide, c’est l’épanouissement de ce gosse empoté qui n’avait pas une once de coolitude, et qui n’est pas du tout celui que j’avais peur qu’il soit: Grand a commencé à fleurir, il a pris une couleur à laquelle je ne m’attendais pas, il lui pousse et pousse des ramifications et des ramages verts et jeunes, doux et tendres, magnifiques. Il est plus que capable d’être sportif, de faire quelque chose de nouveau, de se dépasser, de se prendre de passion pour un sport, d’aller au-delà de ses frustrations et de ses peurs, de rater une voie et de s’acharner pour la réussir, de vouloir faire des voies de plus en plus dures.  

C’est un plaisir immense que d’avoir tort, quand on est parent, un plaisir que je goûte pour la première fois avec une telle intensité, un plaisir fou que d’ouvrir la pochette surprise qu’a laissé traîner notre enfant, et d’y trouver la preuve de son indépendance, de sa force de caractère, la preuve qu’il prend ce que nous lui donnons, mais qu’il s’en sert pour ouvrir sa propre voie, la preuve aussi que ses parents ne sont pas les seuls à donner à boire à cette plante, que l’école, son maître, ses camarades, d’autres membres de la famille lui en donnent aussi. 

J’ai bien le droit, alors, non de me reposer sur mes lauriers, mais de me tranquilliser un tout petit peu et de regarder pousser cette plante, de me dire qu’on lui a donné un terreau pas trop mauvais, de trouver, pour un bref instant avant le cycle suivant des inquiétudes parentales, que notre travail parental porte, parfois, ses fruits - délicieux et exotiques.


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