S'adapter
 

Batailles choisies #396

Être mère, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter,  s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter. Être mère, tenter de ne pas devenir folle. 🤹‍♀️


 

Qu’est-ce qu’on fait cet après-midi?


Bon, Dernier s’est endormi dans la voiture en rentrant de la crèche, c’est pas ce que j’avais prévu mais c’est pas grave, on va faire le déjeuner tout de suite, vite fait, un film pour les grands, je bosse un peu, et après une sortie. Il faut que je m’adapte, sinon…

S’adapter et encaisser.


Bon, Dernier n’a dormi que 45 minutes, quelle plaie mais putain, bon, les grands, on arrête le film, non, mais c’est pas la peine de pleurer, vous le reprendrez après, on fait des jeux ensemble et puis sûrement que Dernier redormira tout à l’heure et donc vous verrez la fin, je vous le promets, et peut-être, retravailler, finir cet email, oh, ce billet en attente. Il faut que je m'adapte, sinon…

S’adapter et désespérer.


Bon, Milieu est d'une humeur massacrante, allez, tant pis, j’ai pas fini ce que je voulais faire absolument pour mes cours mais si on mange un peu plus tôt, tout le monde sera de meilleure humeur, et puis j‘aurai encore la sieste, Milieu allez, mange, non mais si, il faut manger un peu, non, allez, s'il te plaît, je te le demande, sinon tu ne vas pas être bien cet après-midi, plus tard alors, tu déjeuneras plus tard avec Dernier, ok, bon, je vais le chercher maintenant, mais non, il faut pas qu’il s’endorme, allez, on reste éveillé, oh puis zut, ça me pourrit l’après-midi et toi Milieu, tu m’avais promis de manger un petit peu, et Grand, tu boudes, non, mais c'est maintenant l’heure du jeu, du coup, après non, ce sera trop tard, allez, vite cachée dans la cuisine, finir ça, écrire un peu, exceptionnellement, vous pourrez regarder un épisode, d’accord? Il faut que je m’adapte, sinon…

S’adapter et s’épuiser.


Bon, pas de sieste. Personne n’a l’air fatigué. Et si on allait dans ce parc, à Santiago, on pourrait peut-être passer un bon moment, et repousser à la fin de journée le temps où les trois enfants n’existent plus quelques précieux instants pour moi, combo sieste pour l’un, film pour les autres, voilà, allez, vaille que vaille, on y va, on va bien trouver, mince j’ai raté la sortie, quelle horreur, qu’est-ce qu’il y a comme monde et comme bruit, et Dernier dans mes bras, qui veut toucher à tout, qui chouine parce qu’il est fatigué, ok, il dort 10 minutes dans la voiture, bon, il faudra, le réveiller, je sais, Grand, je sais, c’était pas super pour toi, tu es gentil, on essaiera d’y retourner, tu voulais rester mais c’est impossible, on doit partir, qu’est-ce qu’il fait chaud, mieux vaut oublier, quelle mauvaise idée, Milieu et Dernier sont fatigués, intenables, bon, c’est mort pour mes cours, rentrer, qu’ils ne s’endorment pas dans la voiture, rentrer et je n’ai rien pu faire. Il faut que j’accepte, sinon…

S’adapter, se retenir de pleurer et vite cuisiner quelque chose pour ce soir.


Qu’est-ce qu’on fait cet après-midi? Prendre une décision multi-critères: Grand veut aller faire du vélo, le dîner n’est pas prêt, il faudrait cuisiner du riz mais Milieu veut chercher son camion et si on sort maintenant Papi pourra regarder son match avant ou après la sieste de Dernier, pas trop tard pour qu’il n’attrape pas froid et laisser à Mamie un temps tranquille en finissant de préparer ma séance 3 pour mes futures 5e, endormir Dernier au sein alors que je ne devrais pas, je sais, mais sinon je n’arrive pas à caler tout le monde et jusqu’au coucher.

 

S’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, s’adapter, résister à la pression, ne pas craquer, ne pas craquer, ne pas craquer, ne pas craquer, ne pas craquer.


Batailles en vrac⭣

Batailles rangées⭣

Mais bon sang, mais c’est…
 

Batailles choisies #395

De l’art d’enfoncer des portes ouvertes: une réflexion maternelle à ne pas en croire ses oreilles. 😲


 

Bien sûr! La maison est mieux rangée, c’est pour ça…

Bien sûr! Il y a moins de repas à faire, c’est donc ça…

Bien sûr! On dîne sur des fonds de frigo ou de placards, moins de courses, pas d’effort pour mitonner des p’tits plats, c’est pour ça…

Bien sûr! Dernier est à la crèche le matin, c’est donc ça…

Bien sûr! Les aînés sont en séjour chez leur grand-mère, c’est pour ça…

Bien sûr! Dernier fait une longue sieste en début d’après-midi, c’est donc ça…

Bien sûr! Les lessives passent d’une tous les deux jours à une pour la semaine, c’est pour ça…


En fait, comment dire, je crois que je vais dire quelque chose d’évident, enfin, je me lance, peut-être pas, ou bien si, d’aucuns diraient une lapalissade, sans doute, oui, la vérité a déjà été dite maintes et maintes fois, au risque d’enfoncer des portes ouvertes, car parfois les vérités, même connues de tous, doivent être énoncées, bon je le dis, j’ose: s’occuper d’un seul enfant, c’est plus facile que de s’occuper de trois enfants.


Que ce soit dit.

Je vous assure.

Non, mais si, il faut me croire sur parole.

Ayez foi en mon expérience, si.


Regardez, depuis quelques jours, nous ne sommes plus sept à la maison (Papa, Maman, Mamie, Papi, Grand, Milieu et Dernier) mais trois seulement: Papa, Maman, Dernier, qui est à la crèche le matin.

Eh bien, je peux vous le dire…

Que c’est bon de ne pas passer ses soirées à ranger les jouets vomis sur le tapis, bon sang!

Que c’est agréable de faire un plat de riz qui dure quatre jours, bon sang!

Que c’est doux de ne pas débiter le temps en tranches pour n’en ramasser, pour moi, que des miettes, bon sang!


Au risque donc de dire des banalités, des platitudes, de me retrouver toutologue, de n’avoir pas honte de mes évidences dites avec conviction, pourtant je sens qu’il est de la plus haute importance d’énoncer: 

Avoir un temps à soi sans aucun enfant à la maison, je peux vous le dire, c’est bien - sûre et certaine.


Batailles en vrac⭣

Batailles rangées⭣