Et lui, comment va-t-il?

 

Batailles choisies #151

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En deux mots:

Je continue de penser à mon amie Claire, et à son mari. Il y a dans eux deux un peu de nous deux.


 

Mon amie Claire est morte hier et j’ai eu le cœur lourd toute la journée. Sa maladie fulgurante, l’acceptation d’une mort inévitable alors que quelques semaines auparavant elle parlait yoga et prochain voyage... J’ai passé la journée à penser à elle, à essayer aussi de ne pas penser qu’à elle - il faut bien trouver comment sourire à ses enfants. 

Une autre pensée m’a obnubilée. Celle de son mari, qui m’est revenu en tête toute la journée. C’est quelqu’un que j’avais vu plusieurs fois, avais trouvé sympathique et intéressant. 

C’est quelqu’un qui, hier, a perdu sa compagne de vingt ans. Qui est en France alors qu’il est chilien. Qui a soutenu sa femme en terre étrangère, loin de ceux qui pouvaient le soutenir, lui. Qui va enterrer cette compagne dans un pays qui n’est pas le sien et qu’il va quitter après la cérémonie. Qui va rentrer, je ne sais pas quand, dans son pays, revenir dans leur maison, dont ils sont partis à deux précipitamment dans l’espoir d’un traitement, et où il va revenir seul.

Je vois surgir cette image, de lui qui passe la porte de leur maison, foule ses carreaux rouges, voit la cuisine dans le fond avec ses hauts meubles. Il y a une infinie tristesse dans cette pensée, dans laquelle je me projette complètement.

Ils étaient un couple binational, comme mon mari et moi. 

Et je ne me suis jamais fait la réflexion que pour ce genre de famille, à la mort se joint toujours l'extranéité.

 
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Heloise Simonmort, mari