Batailles choisies #602
Faire dormir trois enfants dans la même chambre, miracle, folie, ou numéro de lanceur de couteaux (qui vous retombent sur les pieds)? 🔪
Les enfants doivent, maintenant que Papi est en séjour chez nous, dormir dans la même chambre, lit superposé du haut pour Grand, lit superposé du bas pour Dernier et lit indépendant pour Milieu. Est-ce une bonne idée? Non, mais nous avons besoin de la chambre d’amis, où dort d’habitude Dernier.
La difficulté de cette organisation? Grand et Milieu dorment à 20h30, Dernier, qui fait encore la sieste, à 21 heures. Premier soir, première tentative - catastrophique: tout le monde dérange son voisin, les gosses s’excitent les uns les autres, se crient de se taire ou s’encouragent à hurler de rire. Tous nos efforts pour les calmer sont à peu près vains et nous perdons une grosse demi-heure, entre disputes et suppliques, à ce que les 3 paires d’yeux soient fermées. Pour que la deuxième tentative ne nous décide pas à jeter nos enfants par la fenêtre, nous décidons - je propose, en réalité, un plan d’action où chacun exécute sa part: écoute, Mari, toi tu couches Milieu et Grand, pendant que je redescends Dernier, l’occupe à lui donner une dernière collation, quelques céréales qu’il réclame de toute façon, puis je lui lis des livres, comme ça quand il entre dans sa chambre, les deux grands sont déjà endormis. Le soir de la décision, ça marche impeccable. Bravo nous, bravo, moi! Notre routine du dodo est trouvée, il suffit de s’y tenir.
Jour 3, néanmoins, doit être le 3 janvier parce que notre motivation mollit comme celle de retourner à la salle de gym malgré nos bonnes résolutions. À 20h45, j’entre doucement dans la chambre… pour trouver Mari au milieu d’un livre. Mais, j’ai passé 30 minutes à occuper Dernier, en bas, pour rien? Pour qu’on en soit là? Mais, putain, Mari, tu peux pas te tenir au planning? Évidemment, les enfants font du bruit, sortent de leur lit, mettent une demi-heure de plus pour s’endormir, échappent de justesse à l’exécution sommaire parce qu’ils me saoulent. Évidemment, je passe tout le temps du coucher à m’énerver dans ma tête contre Mari autant qu’à me dire allez, tu t’es promis d’arrêter les récriminations, de pas tout le temps lui reprocher des trucs qui sont parfois, juste, dus à pas de chance, allez, ne dis rien, juste, encaisse, résigne-toi à un coucher pourri - c’était que 15 minutes de retard sur le planning, une petite entorse, ce n’est rien.
Je n’arrive pas pourtant, dans ma tête, à me tenir à mes bonnes résolutions de ne pas râler sur Mari. Mon problème, mon problème, après avoir tourné autour de ce que je lui reproche, ce n’est pas qu’il ne sait pas se tenir à un horaire. Non, c’est que (je finis par tomber dessus au milieu de ma colère conjugale silencieuse), alors que moi, je fais le travail parental relou, celui de faire patienter Dernier, lui, au lieu de faire sa part du travail parental, qui est que Milieu et Grand soient endormis avant que j’arrive, lui, il prend son temps, ne se plie pas au plan, fait ses entorses sans en voir les conséquences. Mon féminisme enragé ressuscite, finit par se calmer quand les enfants se sont enfin endormis. Je me tiens à mes bonnes résolutions et retiens derrière mes dents serrées des piques qui ne vont faire que blesser. Il n’y a qu’une seule option pour demain: donner des instructions claires et nettes, surveiller l’exécution - pour éviter de devenir l’exécutrice.
Nouvelle bonne résolution, nouveau plan d’action.