Les regards indifférents

 

Batailles choisies #178

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En deux mots:

Rassurez-moi, il n’y a pas que moi que ça énerve, les regards indifférents, quand on raconte sa journée avec les enfants? 


 

Ils me sortent par les yeux, ces regards des gens à qui vous racontez votre journée, week-end, soirée, avec vos enfants, et dont vous sentez très bien qu’ils n’en ont rien à faire, qu’en eux-mêmes, ils soufflent d’ennui, et qu’ils ont hâte qu’on passe à un autre sujet de conversation. Ces yeux éteints qui disent non mais tu vas pas me raconter quelle purée il a mangé ton gosse, ou ces regards vides qui espèrent que ce qui s’est passé après le gros caprice va être raconté rapidement. 

 

Ces regards d’indifférence polie me blessent particulièrement. Ils viennent des proches, le mari, la famille, les amis (en général ceux qui n’ont pas d’enfant).

En fait, oui, cette histoire que je raconte sur une sortie difficile au café avec les enfants, Petit voulait pas mettre son masque, il a essayé quinze fois de passer par-dessus la barrière de la terrasse, Grand qui demande toujours le yaourt au granola, là, je sais pas, ils lui ont mis plus de céréales, il en voulait pas, en fait, je sais, je sais bien que ça n’entre pas dans les critères de la conversation lettrée, dans la causerie de bon ton. 


Mais quoi? C’est ma journée, ça. C’est ma vie, même. Et quoi, je ne devrais rien dire?

Ça vous ennuie? Ben moi aussi ça m’ennuie. Mais jusqu’à preuve du contraire, ces journées ennuyeuses, routinières, pleines de micro-événements pour ceux qui les vivent qui n’en sont pas pour ceux qui ne les vivent pas, c’est le travail parental gratuit. C’est ce qui permet à tous les proches que cette conversation lasse d’avoir une vie plus intéressante que la mienne.

Et j’ai remarqué que lorsque le mari, le frère, la cousine, ont passé quelques heures avec les enfants alors, soudainement, ils ont le même type de conversation que moi.


Je les accueille comme j’aimerais qu’on accueille mes chroniques de maman: avec des questions intéressées et des regards empathiques, solidaires, enfin, complices.

Ça rend les journées moins longues.

 
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Heloise Simonempathie, ennui