Taper le carton
Batailles choisies #198
En deux mots:
Le matin, chez moi, c’est jeux - plateaux, dés, cartes. La fièvre est à son comble. Si mon fils était un noble décadent de roman du XIXe siècle, j’aurai peur qu’il y perde entièrement fortune et réputation.
Mon père est arrivé pour un long séjour. Je ne trouve pas de mots assez forts pour exprimer le mélange de joie et de soulagement que sa présence parmi nous suscite. En attendant de trouver les bons mots, entre liesse, apaisement, tranquillité retrouvée, je ne ferai que raconter les matinées qui découlent de cette venue.
Mon père est un joueur passionné, quelques jeux de dés, beaucoup de cartes, jeux de plateaux, de l’awalé au backgammon. Tous les jeux de société font l’affaire et cela a marqué mon enfance, souvenirs d’après-midis à jouer avec mon frère, ma sœur et mes parents.
Mon père est un joueur passionné, mais il a également un esprit de compétition féroce. L’âge a un peu assagi sa soif de victoire à tout prix, qui aura aussi marqué mon enfance en un peu moins bien, haha, j’ai gagné et tu as encore perdu, ma fille!
Tous les matins, Papy et mon aîné enchaînent les jeux: une partie de Monopoly, un jeu de dés, un jeu de Memory, une bataille, un jeu de l’oie, bis repetita.
Mon cœur s’emplit de joie de les entendre tous les deux, compter les points, revoir les règles, rire quand ils gagnent, accepter quand ils perdent, allez, on fait une autre partie, allez, la revanche.
C’est délicieux de voir en action la transmission d’un grand-père à son petit-fils, la transmission unique qui vient de ce Papy unique vers ce petit-fils là, un héritage d’or et de douceur.
Néanmoins, ça me pique un peu les oreilles d’entendre mon fils, que j’éduque dans l’idée de coopération et de participation, crier en riant: oh, mais tu es nul! Tu es le dernier!
Ah, ça aussi, ça se transmet? On doit donc adorer gagner pour aimer jouer?
Alea jacta est, alors.
