À vendre ou à donner
Batailles choisies #216
Un rêve que je chéris et caresse doucement: bazarder tout ce satané bordel des affaires pour bébé. Or does she? 📦
Quand j’ai décidé d’avoir un troisième enfant, j’ai visualisé les difficultés que je connais bien: j’ai imaginé les nuits où je serai réveillée à 2, 4 et 6 heures, mon impatience avec les aînés qui me réclament alors que j’aimerais allaiter tranquillement, le numéro de la crèche qui s’affiche sur mon portable et veut dire que mon gamin a de la fièvre et qu’il faut le récupérer (cauchemar!). Mais pour me donner du courage, pour me dire que ce n’est qu’une période à passer, j’ai aussi imaginé une joie.
Un plaisir.
Mon grand fantasme.
Me débarrasser des affaires pour bébé.
Ciao, poussette, arrivederci tire-lait, bye bye layette et tout le bordel qui accompagne la naissance, porte-bébé, veilleuse, berceau, langes, cuillères en plastique, livres premier âge, tapis d’éveil, hochets bien amochés par les usagers précédents: adieu!
J’imaginais ce plaisir, allez j’avoue, cette jouissance, de me dire que le bazar que je vois tous les jours dans la loggia quand je vais au linge-lave ne sera sous peu plus là. Que m’en débarrasser y fera de la place de même que dans ma tête.
Je rêve donc d’avoir la preuve tangible, le jour où je mettrai une annonce sur un groupe Whatsapp de vide-grenier, que cette période de ma vie, celle avec un bébé, est terminée, définitivement.
Quel doux plaisir que de fantasmer sur le jour où partira la boîte de rangement “vêtements 0-1 mois”, mieux la boîte “3 mois” et sous peu la “1-2 ans” et tous les bidules associés...
Et vous savez-quoi?
Les vêtements naissance ne vont plus à Dernier. Ils ont été lavés. Ils sont donc prêts à être mis dans des sacs et revendus.
Ciao, body montgolfière!
Bye, petit pyjama canard!
Adios, bonnet jaune qui vous faisait ressembler, les enfants, à des marins en herbe!
Oh, c’est chou quand même, ce body avec des petits robots. Il faisait partie d’un pack, avec celui-là, imprimés planète et cet autre, fleurs exotiques.
Je ne vais quand même pas donner ce pull en laine avec lequel j’ai habillé mes trois nouveaux-nés à la maternité!
Je ferai peut-être une autre boîte avec les vêtements que je veux garder, ceux qui sont vraiment choupis.
Mais qu’entends-je! Au lieu de bazarder tout le bazar dans la liesse et l’exultation, me voilà à vouloir garder ce que je fantasmais de vider!
Avoir un enfant est une expérience.
Chaque enfant de plus est un approfondissement de cette expérience, du déjà-vu certes, mais beaucoup de nouveau.
Un quatrième enfant avec ce body fleurs exotiques et ce pyjama canard, ça serait beau.
Sauf que je ne veux pas de quatrième.
J’ai vraiment fini.
Mais je ne donnerai, contrairement à ce que je croyais, rien dans l'allégresse.
Il faudra donc que ce soit une décision rationnelle (je n’arriverai jamais à gérer quatre gosses), un petit deuil (adieu grosses joues du nourrisson), une certitude (vraiment je m’arrête à trois), un rideau qui se tire sur un beau spectacle, auquel je repenserai avec nostalgie.
D’autres spectacles m’attendent.
