Fini

 

Batailles choisies #308

Message d’espoir pour parents exaspérés: vous savez, ce truc qui vous frustre avec votre enfant? Qui vous bouffe, vous ronge, vous fait désespérer? Eh bien, un jour, devant vos yeux ébahis: magie! Ça disparait. 🪄


 

C’est bizarre… il ne manquerait pas quelque chose, ce matin? D’habitude, il se passe quelque chose alors que présentement, il ne se passe rien. Bizarre. Je dirais même suspect.  

Milieu est là, en pyjama, les yeux ensuqués de sommeil. Il vient d’arriver en bas, où je prépare le petit déjeuner. Il m’a lancé un “bonchour” endormi tout mignon et s’est mis à jouer avec ses majorettes et ses camions, qu’il a montrés à son petit frère en lui disant “Egarde! Camión poubelle verde!”

Mignon, oui. 

Mais quand même, il manque quelque chose à ce tableau matinal. Bizarre. Suspect. 

Bon. Passons.


-Milieu, tu veux une tartine pour ton petit-déjeuner?

-Voui. Avec beurre et confitu’

-D’accord mon chou.  


Ah!

Tilt!  

Eurêka! 

Je sais ce qu’il manque!

Il manque une crise terrible à taper des poings et des pieds sur le tapis! Il manque les pleurs infernaux parce qu’on s’est réveillé du pied gauche mal luné fâché marri et qu’on veut son biberon, son biberon! 

Il manque l’urgence de faire à Milieu son satané biberon, le plus vite possible pour qu’il ne réveille pas le reste de la maisonnée en chouinant qu’il veut biberon, biberon; il manque toutes les négociations minuscules qui vont me permettre de le préparer, le biberon, biberon, tu te mets sur cette chaise, oui, la bleue, non, ne pleure pas, la bleue, la bleue, je sais, c’est toi qui appuies sur le bouton, d’accord, on compte ensemble les cuillères de lait, oui, bien sûr, on va lire Tchoupi prépare Noël en même temps que tu le bois…


Milieu et son biberon du matin, c’est ma première bataille de la journée. 

Enfin… c’était.

Puisque Milieu est là, à jouer tranquillement avec son camion en attendant sa tartine qu’il va manger avec plaisir.


Il n’y a que deux explications à ce changement soudain: on m’a changé mon fils durant la nuit, mais j’en doute parce que c’est le même gosse qui a des cicatrices partout sur le visage à force de se cogner et de tomber tout le temps; ou bien, autre explication, il y a des soucis qui disparaissent d’un coup d’un seul, quelques jours, quelques semaines et adios les réveils en pleurs, ces chouineries à 06h42 pour avoir le biberon, biberon, biberon! 

Alors qu’avec son père, on n’y croyait plus, alors qu’on a passé l’année entière à se demander quand est-ce que ça allait s’arrêter, si c’était normal qu’il soit encore accroché à ce lait du matin, incapable de prendre un petit-déjeuner de grands, d’une humeur massacrante sans lui et massacrant nos débuts de journée à tous. 


Et puis un jour, pfiout! 

Fini.  


Au point qu’on peine à se souvenir qu’il y avait cette histoire de biberon, non, tu te rappelles? Milieu, il ne veut plus de biberon le matin mais à une époque, il ne voulait que ça, non?


Eh bien vous savez quoi? Dans le cabaret-cirque grunge qu’est la vie avec les enfants, au milieu des numéros d’assiettes chinoises qui se fracassent, des acrobates qui tombent, des dompteurs de fauve qui se font manger et des sketchs qui font des flops, il est bien doux qu’il y ait un peu de... abracadabra... sous vos yeux ébahis... magie!


D’autres batailles ⭣