Confinement - Jour 28

 

Batailles choisies #32

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En deux mots: Grand apprend, tout doucement, avec sa petite bouche en coeur, à mentir. C’est mignon. En même temps, je ne sais pas si je devrais me réjouir.


 

Il y a une chose qui m’émerveille avec les enfants (oui, toujours ils m’agacent, souvent ils m’énervent mais parfois aussi ils m’émerveillent), c’est à quel point on peut voir au jour le jour leur cerveau grandir. On voit mieux grandir leur esprit que leur corps, je trouve. On en voit davantage les poussées, parfois minuscules, parfois immenses, souvent de guingois, parce que s’accumulent les découvertes et les petites histoires qui montrent que des fondations sont en cours de fabrication dans l’esprit - attention, peinture fraîche.

Justement, en ce moment, mon aîné de quatre ans connaît une poussée au niveau du mensonge. Je sens bien dans sa petite tête que naissent des conceptions de la sincérité et du mensonge, de ce qui doit se cacher pour éviter de se faire gronder, de ce qu’est la vérité, même si elle n’arrange personne. Mais tout est encore si flottant que le début de son éducation machiavélienne est simplement drôlatique.

demander à Papa de ne pas répéter à Maman, ou l’inverse

Il commence à frapper à toutes les portes, à demander à Papa de ne pas répéter à Maman, ou l’inverse, qu’il a déjà mangé un chocolat, à me demander si je peux lui faire des ballons d’eau, ah bon ? des ballons d’eau, si tu veux, mais tu ne préfères pas demander à Papa plutôt, non, je te demande à toi parce que Papa a déjà dit non. 

Il commence à comprendre, mais sans aucune malignité, ce que signifie “pas vu pas pris”. Oh, merci mon grand, elles sont très jolies, ces fleurs ! Tu les as cueillies où ? Là, chez la voisine. Oh, mais mon chou, il ne faut pas prendre les fleurs de la voisine. (Pause pour réfléchir) Mais non, Maman, ne t’inquiètes pas, la voisine ne m’a pas vue, donc ça va.

Depuis aujourd’hui, il a parfaitement compris que, caché dans sa cabane dont le sol est jonché de fleurs qu’il a prises dans les parterres que son père soigne comme la prunelle de ses yeux, il peut échapper à la gronderie. Maman, maman, me dit-il en me chuchotant dans l’oreille, ne dis pas à Papa que j’ai cueilli ses fleurs, d’accord, tu me promets, tu ne dis rien à Papa, sinon il va me gronder et moi je vais pleurer toute la journée.  

sinon il va me gronder et moi je vais pleurer toute la journée

Ce qui est drôle, c’est que malgré ces découvertes, il est pour l’heure incapable de mentir, mentir au sens de dire une chose en sachant qu’elle n’est pas vraie mais qu’il dit ce mensonge pour son bénéfice. 

À Papa qui demande pourquoi il y a des fleurs par terre, il répond en levant la main que c’est lui qui les a cueillies. 

Le cerveau de Grand bourgeonne. Ça nous arrange, parce que dans le jardin et dans le voisinage, il n’y a plus une seule fleur. 

 
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