Confinement - Jour 38

 

Batailles choisies #42

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En deux mots:

Les pois chiches, vous aimez ? Non, parce que je voudrais prouver la présence insidieuse du patriarcat dans ma cuisine par les pois chiches.


 

La preuve du pois chiche, c’est une preuve philosophique qui n’existe pas mais qui prouve que les maris (la majorité, dont le mien) sont toujours un peu à côté de la plaque en ce qui concerne la gestion du foyer et que les pois chiches qui s’éternisent dans mon frigo sont la faute du patriarcat.


Il y a une semaine, mon mari prend l’initiative de préparer à manger, une quantité pour en avoir d’avance. 

Il met donc à tremper un bocal entier de pois chiches. Un kilo.


Messieurs, je vous entends demander : et alors ?

Mesdames, je vous entends dire : ah oui, c’est bon, je vois le truc.


Un kilo de pois chiches.

Un kilo.

Un kilo de pois chiches, qui débordent du saladier où mon mari les a mis à tremper.

Mais qu’est-ce que je vais en faire?

Un kilo de pois chiches, dont je me dis mais qu’est-ce que je vais en faire, on va finir par jeter. Les enfants n’aiment pas trop. 

Un kilo que le lendemain, il faut faire cuire dans la cocotte. Un kilo qui sent dans toute la maison.

Un kilo dont je finis par utiliser un gros tiers pour faire un hummus, la seule recette que je connaisse. Les enfants en mangent un peu. 

Mais le reste du kilo?

Mais le reste du kilo ? Hein ? Tu veux en faire une recette avec du riz, d’accord. Je te laisse la faire, alors.

Alors, je lui dis? Je lui dis que oui, cuisiner ça aide, mais qu’il faut aller au bout de son idée ? Pois chiches, pour quelles recettes, combien, pour quand, et pour les autres recettes, on a les ingrédients, et pour les enfants, qu’est-ce qu’on a comme alternative ?

Ici intervient le patriarcat, la tenue du ménage étant moins intériorisée chez les messieurs, les tâches moins planifiées. C’est ce que le patriarcat fait aux hommes, corollaire de ce que le patriarcat fait aux femmes, en nous obligeant à planifier et intérioriser la vie du foyer.

Ou bien est-ce que je ne dis rien, que je ne me force pas, pour une fois, à cuisiner ce cadeau empoisonné, et que je ne m’oblige pas à manger le plat fadasse qu’il s’est résolu à faire avec des pois chiches de cinq jours, et que je le regarde manger, en savourant avec méchanceté un “je te l’avais dit” que je ne lui dirai pas (envoyer valdinguer le patriarcat)?


Chiche?

 
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