Chaud!

 

Batailles choisies #433

Communiquer en langue des signes avec son bébé et fondre d’amour - ou de chaleur? ✋


 

Signer avec son bébé est un réel bonheur, vraiment. Avec Grand, j’avais beaucoup travaillé sur la langue des signes pour bébé dont le concept me fascinait. J’avais quelques livres, de plusieurs langues des signes d’ailleurs et je faisais un mix entre ce que j’apprenais, ce dont je me souvenais, ce que je sortais de mon chapeau avec plus ou moins de réussite mais toujours avec beaucoup de bonheur. 

Je me rappelle avec une grande émotion l’acquisition en deux temps de chaque signe par Grand ou Milieu (qui à l’époque, était Petit): dans un premier temps, l’enfant comprend le signe; dans un deuxième, et souvent des mois voire une année plus tard, il est capable de le reproduire, maladroitement, puis de plus en plus précisément.

Mes enfants ont donc rapidement compris que ce mouvement circulaire de mes poings devant mon torse signifiait “c’est l’heure du bain” et y ont répondu en criant de joie. Ils ont acquis assez vite le “c’est fini”, comprenant qu’en agitant les mains on avait le droit d’abandonner la purée de carottes et qu’on était descendu de la chaise haute pour aller jouer. Ils ont appris vers 15 ou 18 mois à décrire des choses ou des êtres qu’ils voyaient tous les jours, dans leur vie de bambins, des chiens, des oiseaux, des poubelles, des bus.


Devrais-je dire qu’il y a eu une différence entre mes enfants? Que, privilège du premier, Grand a eu un large vocabulaire, quand, moins privilégié, Milieu a eu une vingtaine de mots tout au plus et que pour Dernier, le parent pauvre, on a réduit à l’essentiel, à la substantifique moelle, aux 5 signes de base, douche, tétée, manger, c’est fini, bobo? Ne me jugez pas, je fais ce que je peux. Et puis, il y a un signe qui a uni mes trois garçons, et que Dernier maîtrise depuis peu à la perfection (d’un enfant de 15 mois), un signe utile: “chaud”. J’avoue que j’ai inventé ce signe, un jour, pour dire à Grand qu’il fallait faire attention. Pour “chaud”, il faut tendre le bras et mettre sa paume bien droite à la perpendiculaire du bras. Pour un bébé, il suffit donc de tendre le bras.

Et j’adore. J’adore voir Dernier tendre le bras en disant “dié” très sérieusement parce qu’évidemment chaud! mon thé, chaud! ma soupe, chaud! l’eau des pâtes qui frémit. J’adore parce que Dernier, comme Grand, comme Milieu, dont le souvenir de petites bouilles sérieuses me reviennent en mémoire, dont les bras tendus et les paumes décidées m’apparaissent nettement à travers leur cadet, Dernier, donc, est juste à croquer quand il me fait comprendre qu’il a compris qu’il fallait comprendre que c’était chaud.

Avec beaucoup de gravité et d’application, Dernier lance donc son bras à tout va devant le moindre fumet et en me disant, dans son langage, chaud, chaud, chaud, il me fait fondre d’amour…


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