Confinement - Jour 43
Batailles choisies #47
En deux mots:
Aujourd’hui, mon fils m’a dit que je servais encore à quelque chose. Jour 43 du confinement, je pense qu’on peut considérer ça comme une bonne nouvelle.
Je tente un truc depuis quelques semaines pour encourager Grand dans son autonomie, quand il s’habille seul, range les jouets, se savonne ou fait les activités de l’école: je lui dis d’abord d’un air goguenard “je suis sûre que tu ne vas pas y arriver”, avec un ton de défi irrésistible dans la voix, puis je m’en vais. Tout heureux de me prouver que j’ai tort, il fait tout seul.
Ensuite, quand il a terminé sa tâche, je viens, m’extasie, oh, plus un jouet par terre, oh, un garçon tout propre, et lui dis: “mais alors, je ne sers plus à rien, moi! Elle ne sert plus à rien, ta p’tite maman”, en le couvrant de bisous.
J’étais contente de ma trouvaille, issue tout droit d’un manuel de parentalité positive qui n’aurait pas été relu par l’éditeur. Ça marche puisqu’il adore gagner et avoir raison.
Sauf que je me suis dit après-coup que je passais mes journées à lui dire qu’il n’y arriverait pas. Mon Grand pense-t-il que sa mère le voit comme un incapable, qui ne fait rien tout seul et qu’elle fait péter les feux d’artifice dès qu’il enjambe la barre bien basse qu’elle lui a fixée?
Aujourd’hui, alors que je lui répète que vraiment, je ne sers à rien, je n’ai qu’à prendre mes affaires et partir, Grand pouffe puis me dit très sérieusement: si, Maman, tu sers beaucoup, parce que regarde, regarde, il y a des choses que je ne sais pas faire tout seul parce que j’ai seulement quatre ans. Par exemple, je ne peux pas mettre ce pull, ou cuisiner, ou déplacer le trampoline.
Voilà, Maman-dame-de-compagnie-cuisinière-déménageuse, j’ai tout de même une utilité ici.
