2 ans

 

Batailles choisies #545

Mon dernier-né a deux ans. Mes vœux les plus sincères - mais à qui sont-ils adressés, ces vœux de bonheur?🎂


 

Déjà? Mon dernier-né a déjà deux ans? Oh, comme j’aimerais dire que je lui ai préparé la plus belle des fêtes, cuisiné le meilleur des gâteaux, donné les plus beaux des bisous. Sauf que je n’ai rien préparé du tout, n’ai rien cuisiné, ne lui ai donné aucun bisou spécial en ce jour pourtant si spécial. En ce moment, je déteste mon Dernier. Il me met les nerfs à vif, épuise ma patience, me pousse à bout. J’ai passé une suite de journées pourries et de nuits pires encore: des siestes ratées, des nuits hachées, un retour en arrière terrible, beaucoup de cris, de pleurs, beaucoup d’opposition, une défiance permanente. Je n’en peux plus.

Et je n’ai aucune envie de fêter cet anniversaire. Je n’ai qu’une envie, qu’un objectif, qu’une cible dans ma ligne de mire: en avoir fini avec la petite enfance. Je veux que mon Dernier grandisse. Je ne veux plus avoir de bébé dans ma vie et celui qui est là s'accroche à ce statut, en hurlant, en se roulant par terre, en cherchant à me malaxer les tétons faute de tétée, en réclamant des câlins après m’avoir repoussée ou inversement. Fêter un anniversaire des deux ans, c’est certes un pas dans la bonne direction, mais c’est aussi le signe qu’il me reste une année complète, entière, une terrible année de terrible twos que je ne suis pas sûre de pouvoir supporter alors que ces dernières semaines je supporte si peu mon fils lui-même. Et l’année qui vient, alors que je profite de mes grandes vacances, m’inquiète: courir dès que j’ai récupéré mon fils de la crèche, parce que les horaires de dîner, de sieste, de coucher nous pressent tous; dormir mal; endurer les cris, les crises, les caprices… Je ne sais pas comment je vais y arriver. Je ne suis pas certaine d’y arriver.


Que faire, alors?

Dire qu’on y arrive plus.


- Chéri, tu peux t’occuper d’aller chercher Dernier à la crèche pendant ta pause de midi? J’ai besoin que tu prennes le relais sur sa sieste. Je n’en peux plus de devoir vivre avec cette pression d’aller le chercher, de me dépêcher d’aller récupérer les grands, de ramener tout le monde sans que Dernier ne s’endorme, de faire déjeuner vite vite tous les enfants, d’amener Dernier dans sa chambre pour lui faire faire la sieste, alors qu’il ne veut pas, qu’il se débat férocement parce qu’il veut jouer avec ses frères. Je n’arrive plus à supporter qu’il me frappe, qu’il me griffe, qu’il hurle. Je ne supporte plus que chaque sieste soit une bataille. Je me fais peur, de le détester comme ça. Je n’ai plus envie de prendre en charge ses horaires, d’être stressée qu’il ne dorme pas, que ça fasse rater toute l’après-midi de tout le monde, d’être complètement désemparée, sur les nerfs. Je n’y arrive plus.

- Si tu veux, je vais le chercher à ma pause, je le fais manger et je lui fais faire la sieste. Toi tu t’occupes seulement de récupérer les grands. Pas de problème.

- Oui, merci, Chéri.


Je respire. C’est un arrangement qui m’enlève un poids des épaules et rend à mon cœur un peu de sa légèreté d’être maman, légèreté que j’ai perdu au milieu de ma fatigue, de mon épuisement, de mon vide d’amour pour Dernier.

Merci, Chéri. 

C’est la seule chose à faire.

Ça et attendre l’anniversaire des 3 ans.

Ça, endurer et m’autoriser à dire que je n’y arrive plus.


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