Pas de bol

 

Batailles choisies #72

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En deux mots:

Comédie familiale, tragédie grecque ou divorce? La réponse en fin de billet. 


 

Depuis le début du confinement (presque trois mois), je me suis occupée des enfants la majeure partie du temps, parce que mon mari a des dossiers à boucler, calendrier mal foutu, la faute à pas de chance. N’entrons pas dans les détails ni dans les disputes.

Il y a quelques semaines, quand les choses ont commencé à se calmer et que nous n’étions pas encore confinés, pour qu’on se rapproche un peu de l’équilibre, on s’était mis d’accord pour que j’aie du temps en plus, matin ou après-midi. Voici le récit de cette journée d’il y a un mois, où j’ai presque eu du temps pour souffler. 


Ok, ce sera pour plus tard, mon temps à moi


Petit tombe du lit à 6h00. Je me lève en premier. Bon, ok, ce sera pour plus tard, mon temps à moi.

Milieu de matinée, les enfants chouinassent et sont pénibles. Papa, fatigué par ses grosses semaines, s’impatiente, crie, gronde, jette l’éponge, s’enferme dans le bureau. Ok, ce sera pour plus tard, mon temps à moi.

Déjeuner. Sieste.

La dernière réunion de la journée pour mon mari finissait à 15h30.

15h45, toujours enfermé, parfois ça prend du retard.

15h55, je lui fais un signe discret: alors? Il me répond par un “5 minutes”.

20 minutes plus tard, alors que les enfants pleurnichent, enfin, le voilà prêt à me décharger.



La sortie proposée par Papa (sortir acheter le goûter) fait un flop initial. Petit pleure pour que j’aille avec lui. Bon, je viens acheter le goûter, ok ce sera pour plus tard, mon temps à moi. Et puis, ça me permettra de discuter un peu avec mon homme, sinon on ne fait que se passer la patate chaude de la garde d’enfants. Retour de l’achat, Papa se prépare à la sortie en trottinette.



Je m’imagine déjà, seule, avec ma tasse de café ou de n’importe quoi de chaud


Je m’imagine déjà, devant mon ordi, avec une tasse de quelque chose, n’importe quoi, de chaud. Du silence, avec les enfants dehors.




Allez, allez, pour activer le processus, je vérifie que tout le monde est habillé et chaussé correctement, je prépare un mini-sac avec couche, lingette, tétine, bouteille d’eau, hop plus qu’à refourguer le sac et les enfants, tout le monde dehors, allez, vite, vite.  



Merde! 

J’entends un juron dans la cuisine. Qu’est-ce qui se passe?

J’ai fait tomber mon portable.

Silence. Air embêté.

Sans mon téléphone, je ne peux rien faire. Attends, je cherche s’il y a des services techniques qui réparent. Il y en aurait peut-être un d’ouvert… il ferme dans 30 minutes.

Silence. Air très embêté.




C’est bon, je sors avec les enfants pour que tu ailles voir si tu peux faire réparer ton portable.

  

Avec son air penaud de j’suis désolé, c’est pas de ma faute, le papa nous fait un coucou par la vitre de la voiture. Pas de moment à moi aujourd’hui, donc. 

 

Cette anecdote servira de base à...

À votre avis, l’anecdote ci-dessus servira de base à: 

Une comédie insupportable à la Dubosc sur un père bien-intentionné, maladroit et qui n’a vraiment pas de chance?

Une tragédie sur un huis-clos familial avec une version moderne de Médée, la veuve Noire et autres figures féminines auxquelles je ressemble chaque jour un peu plus?

Une preuve supplémentaire des forces invisibles et immenses du patriarcat?

Une demande de divorce?

 
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