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Comme le temps passe…
 

Batailles choisies #635

Un jour, votre enfant vous adore. Et le lendemain, comme ça, juste à cause du temps qui fait grandir et tout pourrir, vous êtes tombée en désuétude, en ringardise et en nullité. 👎


 

Je revois comme si c’était hier mon bambin tout heureux de me retrouver à la fin de sa journée de crèche! Il y a, dans le sourire d’un enfant de deux ans qui court vers sa maman une joie si intense, un amour si débordant qu’il vous fait oublier toutes les peines que ce même enfant peut provoquer. 


Je me rappelle aussi cette semaine du livre, quand mon aîné était en maternelle et que je suis venue lire un album à sa classe. Mon fils, tout heureux, assis au premier rang, pas peu fier de ma lecture, pour laquelle j’avais aussi amené des accessoires, m’avait gratifié de longs câlins.


Je revois encore, comme si c’était hier, mon Grand tout heureux que je le laisse à la grille de l’école, encore plus heureux que ses copains et copines passent par là, comme ça il peut me montrer du doigt et sautiller comme un cabri disant, bisous, Maman, pour que tout le monde l’entende.


Je me rappelle si bien ces moments de midi où je croisais Grand dans les couloirs de l’école, à la jonction de la primaire où il était en récré et du secondaire où je travaillais. Sur mon chemin de la cantine, en allant à ma pause déjeuner, je le voyais rire et s’éclater avec ses amis, puis, à peine avait-il posé les yeux sur moi, qu’il laissait tout pour me serrer fort dans ses bras, me couvrant de bisous, appelant ses copains et copines pour qu’ils viennent aussi voir, eh, regardez, c’est maman!


Je me rappelle la fierté de Grand que sa maman vienne chanter dans sa classe, à la fin d’une année scolaire, son air de bonheur, à peine entamé par une timidité bien compréhensible, que je sois devant la porte, que je sois présentée comme “la maman de Grand”.


Et cette année, encore, on vivra sans doute un doux moment mère-fils! C’est la semaine du livre, on va pouvoir choisir ensemble un livre qui nous plait à tous les deux et qu’il sera heureux de faire découvrir à ses amis… 


- Alors, Grand, tu veux que je vienne lire un livre dans ta classe cette semaine, pour la semaine du livre?

- Euh, non merci.

- Ah bon? Mais… tu es sûr? 

- Oui.

- Tu as honte de moi?

- Euh… oui. 


Et quoi? C’est déjà demain, déjà la pré-adolescence qui s’approche?

Où est passé le temps de mon bébé?

Où passe tout ce temps qui passe?


Batailles en vrac⭣

Batailles rangées⭣

Heloise SimonGrand, grandir
Tout de même
 

Batailles choisies #624

Ma vie, c’est de la m…? Et alors? Mes gosses chouinent, se disputent et me font tourner chèvre? Et alors? Par rapport à l’année écoulée, c’est du gâteau. 🍰


 

Dernier se roule par terre en pleurant au moment où j’entre dans la garderie.

Dernier a été difficile aujourd’hui, me disent les dames.

Il s’est fait pipi dessus.

Trois fois.

Il a mordu un camarade.

Il s’est disputé avec deux autres.

Il ne nous a pas écouté.

Ni pour entrer.

Ni pour sortir.

Ni pour faire les activités.

Il a été vraiment difficile, me répètent-elles, comme si le résumé des matchs de cette septième journée avait laissé la place au doute.



Je souris avec obligeance, remercie avec effusion et cache avec effort ma lassitude de ces rapports du jour, rapports d’enfant galère que j’ai, trop souvent, depuis plusieurs années maintenant.



Je peux voir tout de suite qu’il est difficile. Sur le chemin de retour de la maison, il lambine, fait de son mieux pour faire les bêtises, s’acharne à agir à l’inverse des recommandations les plus simples, des conseils les plus basiques.

Il jette un caillou qui frôle l’oreille de son frère.

Il traverse la route à l’intérieur de la résidence sans regarder à droite ni à gauche.

Il fait pipi sur le buisson d’un voisin.

Il s’asseoit sur le bord du trottoir et fait la grève de la marche.

Il se met à pleurer quand ses frères, lassés d’attendre le boulet, commencent à rentrer à la maison sans lui.



Ben oui, il est fatigué, il est tête de mule, il fait son troll. 

Ben oui, il donne envie de l’abandonner aux Thénardiers, en sachant très bien quel genre de parents ils sont.

Oui.

Il est ce soir l’enfant qu’on regrette d’avoir eu.  



Mais, tout de même… tout de même… 

Une fois rentrés à la maison, Dernier joue avec Milieu, faisant dans le jardin des petits tas bien propres de cailloux sans en jeter sur personne. Puis Dernier mange, certes boudeur, mais mange tout de même son assiette. Puis Milieu a décidé qu’il allait apprendre à s’essuyer tout seul les fesses après avoir été aux toilettes. Puis Grand annonce résolument qu’il va faire ses devoirs et s’exécute. Puis les garçons m’aident à ranger la cuisine avant d’aller jouer tous les trois, certes trop bruyamment, certes trop brusquement, certes trop brièvement sans bobos ni disputes, mais tout de même, longuement, dans le jardin.

Tout de même, les soirées sont plus faciles.

Tout de même, oui, je galère moins.

Tout de même, je sens que le poids de la petite enfance, de cette organisation terriblement contrainte et sclérosante, s’allège. 

Tout de même, j’ai réussi à terminer les goûters, les repas, les sacs pour l’école.

Tout de même, je me sens moins rincée.



Tout de même, les enfants grandissent.

Tout de même, le tunnel, c’est presque fini.


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