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Enfants malades
 

Batailles choisies #311

On aime (non) les enfants malades à la maison. 🤒


 

Bon, Milieu a un peu le nez qui coule. On l’envoie à la crèche ou non?

Il tousse. La crèche, ça me semble incertain. 

Il a une légère fièvre. La crèche, ça me semble difficile.

On reçoit un email de la crèche rappelant qu’ils N’ACCEPTENT PAS LES ENFANTS MALADES, ni ceux qui toussent, ni ceux qui ont le nez qui coule, ni ceux qui ont de la fièvre.

Pas de crèche donc.


J’en suis quitte pour quelques journées avec un enfant malade, à regarder dégringoler mon équilibre fragile, précaire pour écrire un peu chaque jour, à revivre le temps long, très long, des jours à attendre qu’il aille mieux, à m’illusionner qu’il semble être d’attaque pour la crèche et puis finalement non, rechute, à passer des mauvaises nuits de fièvre et des heures passées à essayer d’occuper un Milieu d’humeur fébrile, donc difficile, à espérer qu’il arrête de tousser au visage de ses frères pour qu’ils ne se le refilent pas entre eux, à donner dans le meilleur des cas, imposer dans le pire, des médicaments.

Un enfant malade, c’est pas bien agréable.

Deux ou trois enfants malades, c’est bien pire.


Je me résigne à cette situation que je ne connais que trop - au moins, en congé maternité pour mon troisième, je n’ai pas d’absence au travail à justifier, pas le stress de savoir comment rattraper mes cours, finir les programmes, corriger mes copies. 

Les souvenirs de ces dimanches soirs où on sent que lundi, non, pas possible d’aller au travail, sont encore frais, autant que lointains car ça ne m’est pas arrivé depuis longtemps...

L’année de confinement, mes aînés n’auront pas été malades une seule fois. Durant l’été, non plus. Le reconfinement à la campagne chez ma belle-mère aura élevé mes enfants comme des gosses de plein air: à courir les champs du matin au soir, sans être jamais malades. J’en regretterais presque le confinement...

Mais, au Chili, le printemps est là, avec son lot de microbes qui circulent, son temps mi chèvre mi chou qui fait qu’on se retrouve trop couvert ou pas assez. 

Milieu est donc malade.

Dernier commence à avoir petite mine.

Grand tient le coup.

Maman se résigne: attendre que huit heures passent, rester positive à neuf heures, proposer un jeu qui ne dure pas, proposer tout ce qu’on veut à manger, n’importe quoi, pourvu qu’on mange, des œufs dur et du yaourt, parfait, passer de doux moments à caresser le front de ses enfants, leur lire des livres quand ils ne sont pas trop fébriles, peser si oui ou non on donne un médicament, faire la même chose toute la journée, maudire ce vent froid qui empêche toute sortie, sortir malgré tout un peu parce qu’il faut bien faire quelque chose, on reste dans la voiture et on va regarder des camions sur l’autoroute, ça vous dit les enfants?

Accepter la télé, vieille amie, vieille ennemie.


Rester enfermés, enfermée, avec des enfants enfermos.

Tourner en rond et attendre que ça passe.


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Heloise SimonMilieu, malade, ennui
Les regards indifférents
 

Batailles choisies #178

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En deux mots:

Rassurez-moi, il n’y a pas que moi que ça énerve, les regards indifférents, quand on raconte sa journée avec les enfants? 


 

Ils me sortent par les yeux, ces regards des gens à qui vous racontez votre journée, week-end, soirée, avec vos enfants, et dont vous sentez très bien qu’ils n’en ont rien à faire, qu’en eux-mêmes, ils soufflent d’ennui, et qu’ils ont hâte qu’on passe à un autre sujet de conversation. Ces yeux éteints qui disent non mais tu vas pas me raconter quelle purée il a mangé ton gosse, ou ces regards vides qui espèrent que ce qui s’est passé après le gros caprice va être raconté rapidement. 

 

Ces regards d’indifférence polie me blessent particulièrement. Ils viennent des proches, le mari, la famille, les amis (en général ceux qui n’ont pas d’enfant).

En fait, oui, cette histoire que je raconte sur une sortie difficile au café avec les enfants, Petit voulait pas mettre son masque, il a essayé quinze fois de passer par-dessus la barrière de la terrasse, Grand qui demande toujours le yaourt au granola, là, je sais pas, ils lui ont mis plus de céréales, il en voulait pas, en fait, je sais, je sais bien que ça n’entre pas dans les critères de la conversation lettrée, dans la causerie de bon ton. 


Mais quoi? C’est ma journée, ça. C’est ma vie, même. Et quoi, je ne devrais rien dire?

Ça vous ennuie? Ben moi aussi ça m’ennuie. Mais jusqu’à preuve du contraire, ces journées ennuyeuses, routinières, pleines de micro-événements pour ceux qui les vivent qui n’en sont pas pour ceux qui ne les vivent pas, c’est le travail parental gratuit. C’est ce qui permet à tous les proches que cette conversation lasse d’avoir une vie plus intéressante que la mienne.

Et j’ai remarqué que lorsque le mari, le frère, la cousine, ont passé quelques heures avec les enfants alors, soudainement, ils ont le même type de conversation que moi.


Je les accueille comme j’aimerais qu’on accueille mes chroniques de maman: avec des questions intéressées et des regards empathiques, solidaires, enfin, complices.

Ça rend les journées moins longues.

 
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Heloise Simonempathie, ennui