Fondu de toi
 

Batailles choisies #448

Parfois, il y a des signes que l’amour qui m’unit à mon mari est hautement inflammable. ⚡️


 

Mon mari vient de partir avec Dernier chez sa mère. Notre petit est malade, pas de crèche,  nous travaillons tous les deux, pas de répit. C’est lui qui a insisté pour passer plusieurs jours là-bas puisque c’est la meilleure solution pour nous tous: on peut travailler tous les deux et sa mère s’occupe du petit qui sera ravi de se retrouver à la campagne. Est-ce que ça va marcher? Ou est-ce que Dernier va pleurer comme un orphelin? Est-ce que mon mari reviendra souffleté par l’échec demain à la première heure? Je ne sais pas. C’est une première. Pourtant, m’entendez-vous pousser des cris d’orfraie? Me voyez-vous, en larmes, retenir mon mari et mon bébé?

Ben, c’est-à-dire que, comment éviter les malentendus, j’ai le mot sur le bout de la langue, en fait, en réalité… plusieurs jours à la maison sans bébé et sans mari, avec les deux grands seulement, ça me va. Ça me va même plutôt bien. Ça me va même plutôt très bien. Je sors le mouchoir blanc pour la forme et dis à bientôt, en l’agitant en direction de la voiture qui s’en va, à deux problèmes de moins. Quelle honte, appeler son mari “un problème”! Appeler son bébé “un problème”! Vraiment, quelle ingratitude!

C’est juste qu’être seule avec soi-même, être à son rythme, ne pas être interrompue, dérangée, piétinée par les demandes des autres, quand bien même ce serait celles de mon mari qui tient absolument à me montrer comment marche le générateur électrique, ça n’a pas de prix! Parmi les défauts de mon cher époux, ressort son incapacité de voir que je suis occupée, que j’ai envie de travailler, et que je n’ai aucune envie de fourrer mon nez dans les câbles électriques et les boutons du chauffe-eau. De toute façon, je n’y connais rien, n’y comprends rien, ne m’y intéresse pas. Lui et moi plaisantons parfois de mon incompétence totale en matière domestique, de bricolage et de DIY. Plusieurs jours seule, c’est aussi la promesse que je n’aurais à supporter aucune discussion de système d’arrosage optimal, de générateur, de température du chauffe-eau à modifier ici, viens voir, euh, maintenant, tu es sûr ? je voulais… Évidemment, ce n’est pas que je n’aime pas mon mari, c’est juste que l’aimer n’est pas la question! J’ai presque envie de lui écrire “je t’aime mais j’aime encore plus être en vacances!”, ponctué de smileys et de petits coeurs.  

J’ai allumé mon ordinateur et suis prête à travailler, j’attends que l’eau chauffe pour le café quand j’entends un bruit bizarre. Le bruit semble s’arrêter puis reprend de plus belle. Bon. Je vais chercher d’où il vient. Du bureau, non, de la cuisine, non plus, de l'entrée… Tiens, le bruit est plus fort et il y a maintenant une odeur de brûlé, de plastique brûlé… mince, c’est le tableau électrique! De la fumée et une odeur de cramé en sortent! Je baisse les disjoncteurs en catastrophe puis, une fois que je me suis assurée que le bruit bizarre et la fumée s’étaient arrêtés, je reste devant le tableau d’un air bête. Que faire? Tout est électrique à la maison. Sans électricité, pas de douche chaude, pas de cuisine, pas de lumières, pas de lessives, pas de chauffage et pire, pas de café. Mon air bête s’allume légèrement et je prends la décision de regarder ce qui ne va pas, en allant chercher les outils de bricolage de mon mari et en dévissant le tableau. Je suis d’ailleurs impressionnée de ma compétence puisque, tenez-vous bien, je réussis à dévisser 2 X 4 vis, presque du premier coup.

Le problème est évident: un câble est complètement brûlé. Il est tout aussi évident que c’est un gros problème et il est encore plus évident que je suis arrivée au bout de mes capacités de bricolage avec le dévissage.

Je me sens soudainement seule. J’attrape mon téléphone et écris un message rapide: “Mon amour, je suis fondue de toi….”

Il me répond avec un cœur, puis le mot “´réunions” et un smiley bisous…

“Attends, ne pars pas, en parlant de fondu…”


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Mon p’tit chat
 

Batailles choisies #447

Dites, les gens qui ont des chats, vous aussi vous faites la technique de faire semblant de dormir quand le minet miaule à  5 heures du mat? 😸


 

Ma sœur et moi avions un chat quand nous étions plus jeunes. Comme tous les minous, Mowgli se réveillait vers 4 ou 5 heures du matin en miaulant de tout son cœur, un cri rauque et insupportable signifiant qu’il était temps de nous lever pour lui ouvrir la porte. Quand on a 17 ou 20 ans, la perspective de se lever à 5 heures du matin est insupportable. Ma sœur et moi avions donc mis en place une série de techniques consistant à faire semblant de dormir. À l’époque, nous sommes déjà étudiantes mais retournons souvent chez nos parents qui habitent dans les Alpes, une maison de vigne sur trois étages, maisonnette pleine de marches grinçantes et de poutres qui craquent. Ma sœur et moi dormons dans le lit de la mezzanine qui donne sur les marches. Mowgli, lorsqu’il décide qu’il est l’heure de sortir, au petit matin donc, s’assoit sur son séant sous la mezzanine et se met à miauler. Que faire alors? Se lever, descendre l’échelle de meunier particulièrement casse-figure quand c’est la pleine lune et qu’on est mal lunée, et lui ouvrir? Ou s’arranger pour qu’il nous oublie?

Les techniques développées, testées et approuvées pour vous sont donc: rester parfaitement immobile, d’abord; face à l’insistance féline il faut ensuite respirer fort pour qu’il entende notre souffle tranquille travaillé, inspirer par le nez, expirer fort mais régulièrement par la bouche; puis, lorsque les miaulements sont encore insistants, il faut bouger avec art la couette pour produire des bruits de draps grâce auxquels il se dira qu’on dort profondément et qu’il vaut mieux aller embêter quelqu’un d’autre (désolée, Maman, mais tu es lève-tôt). Ça marchait très bien, c’était rôdé.

C’est marrant de penser à cette époque de ma vie… c’était il y a 20 ans! Marrant les souvenirs, comme ils vont et viennent par hasard… à moins que…

Chut!

Non! 5h25, seulement? Oh, Dernier, c‘est pas l’heure de se réveiller, encore! Pas possible… Au moins, attends 6 heures… par pitié, un samedi, en plus! Bon, Héloïse, tu sais ce qu’il te reste à faire. 

Garder les yeux bien fermés - Dernier monte dans mon lit et se colle contre moi.

Rester immobile - Dernier chouine et tente des câlins en me mettant des coups de tête.

Inspirer par le nez et exhaler fortement mais régulièrement - Dernier se love contre ma poitrine et réussit à me pousser tout au bord du lit, menaçant de me faire tomber. 

Se retourner dans le lit en faisant un savant bruit de draps froissés - Dernier glisse sa main dans mes cheveux et tire vers lui une belle mèche en disant joyeusement “dah!”.

On a beau dire, un chat c’est plus tranquille qu’un bébé. Et personne d’autre vers qui renvoyer le fauve…

J’ai compris, pas moyen de me rendormir… Bonjour, Dernier, bonjour, mon p’tit chat.


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