Moi, les caprices...

 

Batailles choisies #143

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En deux mots:

Un sujet de friction régulière entre mes proches et moi: mes enfants font des caprices - et n’ajoutent-ils pas mais pensent-ils, tu leur passes.


 

À la fin du déjeuner, Papa propose à Petit, qui jouait tranquillement dans le jardin en nous attendant, de regarder quelques vidéos de leur promenade du matin. Petit lâche son jouet et vient s’asseoir sur ses genoux. Deux ou trois courtes vidéos de leur promenade, puis Petit demande à tenir moi, moâ, moâ, le téléphone, touche à tout et fait vite n’importe quoi. Papa s’irrite puis s’impatiente, dit que les vidéos c’est fini, tente de cacher la téléphone dans une poche.

Petit s’insurge.

Papa: Non, non, c’est fini, tu arrêtes tout de suite de pleurer. (Pose vigoureusement l’enfant plus loin.) Moi, les caprices, je supporte pas. 

Petit se met à hurler, pleurer et se rouler par terre en hurlant non, non, non à toutes les propositions de distraction de Papa (tu veux un dessert? on joue avec le camion?).

 

Un caprice donc. Avec force pleurs, yeux de haine et cris.

Mais… un caprice?

Il est bientôt 13 heures - l’heure du sommeil qui le rend irritable.

Il a plus grignoté que déjeuné - pas rassasié, plus ogre que lutin, donc.

Surtout, il a deux ans. 

Pour moi, il ne pleure pas parce qu’il veut obtenir quelque chose. Ce n’est pas un caprice, c’est une crise. Une crise, un état émotionnel aigu dû à une frustration extrême, face à quelque chose qu’il ne comprend pas (on lui montre un écran puis on lui enlève, mais pourquoi?). 

J’ai quand même dit, pour le principe, même si ça ne mènera à rien de bon entre les parents: “- En même temps, si tu lui montres des vidéos alors qu’il ne réclamait pas et lui enlèves tout de suite après, faut pas t’étonner.“ 

Pour moi, le principe numéro un de la survie avec les enfants, c’est l’évitement. Éviter les conflits, surtout quand les mômes sont si petits parce que ça ne sert à rien et ça pompe trop d’énergie. L’économie de la maisonnée, c’est de la patience ou du prendre sur soi, par exemple se retenir de montrer une vidéo de deux minutes si derrière c’est pour qu’on ait une crise pendant une demi-heure.

Le ratio temps tranquille/temps passé à régler des problèmes qui auraient pu ne pas exister est toujours quelque part dans ma tête. J’ai le sentiment d’avoir lu suffisamment de Filliozat pour me dire que j’ai raison. 

Mais mes certitudes de maman dans son bon droit et dans le bon sens de l’éducation positive sont toujours très fragiles en fin de compte. Est-ce que c’est parce que je laisse rarement pleurer mes enfants qu’ils me collent autant? Est-ce qu’il vont, un jour, apprendre à accepter le non parental? Est-ce que, à force de les comprendre, je leur passe tout?

L’éducation positive, je la comprends comme une façon de se décentrer en tant que parent. Ne pas considérer uniquement ce qu’on ressent même si on a le droit aussi (impatience, ras-le-bol, sentiment de se faire mener par le bout du nez par un petit bout), mais chercher à se recentrer sur les sentiments (extrêmes mais sincères) de l’enfant.

Parce que si on regarde ce qui peut bien arriver à l’enfant, on se rend compte que nos réactions d’adultes sont parfois l’équivalent de badigeonner une toute petite blessure sans importance avec une bouteille entière de mercurochrome: ça ne sert à rien et ça laisse des grosses traces rouges…

Allez, parfois j’ai envie d’avoir raison: moi, les caprices, je connais pas.

 
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