Double sens de circulation

 

Batailles choisies #161

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En deux mots:

Mon aîné chicane mon cadet. Chamailleries pénibles. Le week-end dernier, j’ai découvert que mon cadet chicanait aussi mon aîné. Chamailleries très pénibles?


 

Je suis en week-end chez belle-maman. Elle et son fils, également connu comme mon mari, ont besoin d’aller faire des papiers et me laissent donc avec les enfants.

Il fait beau, il y a une petite piscine, j’ai l’habitude de m’occuper des petits, ça va le faire. 


Leur absence ne dure pas plus d’une heure au total.

Du début à la fin de cette petite heure, les enfants se disputent, pleurent, se chamaillent. Des petits riens, des trucs de gosses, mais à leur âge, ces chicaneries deviennent des drames d’amputés et des crises d’épileptiques. 


Dès que je suis seule, je propose la piscine, qui va créer la séquence mettre des maillots de bain puis de la crème solaire puis se baigner puis sortir puis se sécher puis proposer une glace puis manger tranquillement, driing, fin de l’heure. Hop, mesdames et messieurs, admirez la maîtrise de la mère expérimentée!

-Piscine, les enfants?

-Ouiii! 


Le temps que je me mette en maillot, je ne peux pas empêcher Petit de se saisir de l’épuisette de piscine, de la passer consciencieusement sur la surface de l’eau puis d’en laisser tomber consciencieusement les gouttes sur la tête de son frère, qui se sent agressé, prend de l’eau à pleines mains pour la jeter en vengeance sur son frère qui réplique avec un coup d’épuisette sur la tête. La bataille d’eau part à vau l’eau

Ils hurlent, crient, se coursent autour de la piscine malgré mes propres hurlements parfaitement inutiles. 

En pleurs tous les deux, pas moyen de récupérer leur enthousiasme pour une trempette. C’est mort. Grand est du genre rancunier, il passe une bonne demi-heure le visage renfrogné, les bras croisés, le “je ne veux plus jamais à la piscine, JAMAIS!” qui fuse à chaque fois qu’on croise son regard. Il garde donc sa rancoeur longtemps après que Petit l’a oublié et essaie maladroitement de jouer avec son grand frère.


Une lueur d’espoir soudain: les enfants se mettent à se courser joyeusement, pendant deux minutes où je sens qu’on va pouvoir se ressaisir. Et puis Petit attrape un tube de PVC et en met un grand coup sur la tête de Grand.


Coup de massue pour moi aussi. Jusqu’à maintenant, Grand embêtait beaucoup Petit, l’innocent. Désormais, c’est mutuel, ça se renvoie l’ascenseur. J’ai passé les deux dernières années à apprendre à Grand qu’on n’use pas de violence, qu’il faut être compréhensif, patient avec le frangin. 

Boum, je viens de me rendre compte que la relation fraternelle est une route à double sens de circulation. 


Et avec un troisième enfant, au milieu de quel genre de carrefour vais-je me trouver?

 
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Heloise Simonchamaillerie