Les casseroles

 

Batailles choisies #331

Accueillir des proches chez soi, les laisser s’inviter dans notre organisation familiale, c’est toujours l’occasion de ressortir ses casseroles. 🥘


 

Quelques semaines avant l’arrivée de mes parents, qui viennent toujours en séjour long, il se produit un phénomène étrange: mon mari et moi ne leur trouvons que des défauts.

À tout bout de champ sortent les “et puis bon ta mère”, les “et puis bon Papa”, les “on a intérêt à leur dire que” et autres “ils doivent bien comprendre que c’est chez nous et qu’ils ne peuvent pas”.


On traîne derrière soi, même quand on aime ses proches, même quand on s’entend suffisamment bien pour cohabiter plusieurs mois, ce qui est déjà une chance et une preuve d’affection et de respect, on traîne donc derrière soi les casseroles des petits reproches et des grandes récriminations. Et souvent, j’ai remarqué, les petits reproches ouvrent la voie aux grandes récriminations.

On commence par rire du bruit de gamelles qu’il y a dans la cuisine, ah oui, Papi et Mamie, quand ils sont là, ils rangent la cuisine, ils sont ultra rapides et efficaces, mais qu’est-ce qu’ils font comme bruit, dis donc! Entre les placards, la vaisselle, les portes et les casseroles, tous les matins, c’est un peu STOMP mais en moins coordonné. De ces petits reproches, on en arrive rapidement à cette remarque dont on a gardé la cicatrice, aux désaccords plus profonds, à ces choses que je n’ai pas l’intention de remuer ici. 

C’est un fonctionnement inhérent à toute famille, passage de la surface à la profondeur, ouvrez le couvercle et au fond de la casserole vous trouverez des blessures - moi avec ma belle-mère par exemple, de ses manies à ses traits de caractère qui me heurtent depuis toujours, je ressens fortement cette dynamique.


Je pense que les récriminations au levain, qui montent doucement, servent à se préparer à la cohabitation, à anticiper les accrochages pour les éviter, à ouvrir son fonctionnement à ceux qui y sont étrangers.

Et puis… quand on est ensemble, quand mes parents sont arrivés, les grands défauts qui marinaient dans nos conversations font soudain plop - le soufflé retombe. Ces défauts ne sont plus si terribles. On trouve notre fonctionnement, on se rend compte de la chance qu’on a, la vie ensemble se passe sans heurts.

Les grandes récriminations ne sont plus si grandes.

En fait, on n’a rien à leur reprocher. On s’est fait un flan de cette cohabitation, alors que tout se passe bien.


Par contre, restent les petites choses et les petits reproches, qui ne blessent pas, qui font sourire, qui énervent gentiment.

- Qu’est-ce qu’il se passe? C’est le camion poubelle? C’est un avion de chasse? 

- Non, c’est les parents qui rangent la cuisine.

Clang! Bim! Braaaaonk! Clicrrrr! Schquiiiik! Braoum!

Dis donc, Papi et Mamie, ils sont en train de laver toutes les casseroles ou quoi?


Batailles en vrac⭣

Batailles rangées⭣

Heloise Simonfamille, Papi, Mamie