Faire les fous

 

Batailles choisies #360

Peu de choses sont plus réjouissantes que de retrouver, grâce à ses gosses, son esprit d’enfant - et de se lancer corps et âme dans une attaque de pastèque. 🍉


 

Ma maman a offert il y a plus de deux ans une peluche en forme de pastèque, que les enfants ont superbement dédaignée. Il faut dire qu’ils ne sont pas très peluches, ni doudous, il faut dire aussi que malgré le fait qu’ils ne sont pas très peluches ni doudous, nous avons des dizaines de peluches et doudous qui traînent dans un tas de peluches et doudous, et que, dans cet amas de peluches et doudous, il est très aisé que se perde un doudou ou une peluche, fût-elle en forme de pastèque.


Elle est bien mignonne cette pastèque en peluche, qui se trouve entre mes mains pour je ne sais quelle raison en ce début de soirée - Qui? Comment? Pourquoi? Quand? Allez savoir.

Elle est donc là, entre mes mains, elle est douce, des pattes brunes de dessins animés sortent de son écorce verte, elle arbore sur son beau rose un très choupi sourire qui donne envie d’y plonger son visage.

Ça me donne une idée, tiens. 

Autour de moi s’occupent les trois garçons, chacun dans leur coin, chacun à leur jouet, occupations fragiles, calme menaçant de se rompre dès que l’un aura pris le jouet de l’autre, ou aura convoité celui du deuxième, ou aura regardé ceux du troisième. Débarrassons-nous de disputes inéluctables, jetons nos énergies, jetons nos frustrations, jetons nos forces dans un jeu ridicule qui va nous mener tous jusqu’au dîner.


Les garçons, venez! Vous saviez qu’au Chili, il existe une variété de pastèque très dangereuse?

Non, me disent les grands d’un air intéressé, avant que je ne leur enfonce la douce pastèque sur le visage en criant argh miam argh miam argh miam!

Ils éclatent de rire. On se court après dans le jardin en mimant une pastèque tueuse qui attaque les petits enfants ou les petites mamans, se joint à nous Dernier qui observe ces sauvages qui lui servent de famille, se joint à nous Papa qui lui aussi, est victime de l’attaque de la pastèque chilienne.


Quelle chance d’avoir des enfants, de trouver des pépins de bonheur dans des idées ridicules, de fabriquer une histoire commune (parce qu’évidemment, tous les soirs, désormais, seront synonymes d’attaque de pastèque), quelle chance de faire les fous, les youyous, les zazous, quelle chance de pouvoir cesser d’être grand et de mordre dans la vie à pleines dents.


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