Confinement - Jour 7

 

Batailles choisies #11

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En deux mots: je suis certaine qu’il faut une éducation non violente. Mais ce matin, j’ai frappé mon enfant.

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Ce matin, j’ai frappé mon fils aîné.


Un geste idiot. Inutile. Hors de proportion.


Je pourrais vous expliquer que j’ai encore passé une mauvaise nuit. C’est vrai.

Je pourrais dire aussi que je suis fatiguée des disputes continuelles et que celle-là, qui a déclenché ma violence, m’a fait bouillir les nerfs. C’est vrai.

Je pourrais ajouter que la goutte d’eau, avec les enfants, on ne la voit pas tomber. C’est vrai également.

Mais si je raconte pourquoi j’ai frappé mon fils, j’ai encore plus honte.

Lui et Petit sont tous les deux assis sur le fauteuil du salon. Ils mangent des céréales, chacun dans un petit bol en plastique. Le fauteuil est étroit, alors ils gigotent, pour s’installer mieux. Ça dégénère vite, Petit essayant de se repositionner en grimpant maladroitement sur son frère, qui le pousse, Petit se défend, Grand lui griffe le visage, Petit met des coups de pied, Grand prend son bol et met un coup sur la tête de son frère.

Pendant cette querelle idiote, qui n’a pas duré plus de trente secondes, j’ai essayé de raisonner, de séparer, mais le coup de bol sur le crâne, non, c’était trop.

Paf, je le frappe.

Il m’a regardé une seconde avec étonnement, puis il s’est mis à pleurer très fort.


La banalité de cette dispute fait de mon coup de sang un geste encore plus idiot. Encore plus inutile. Encore plus disproportionné.

D’ailleurs, je l’ai frappé comme frappent les enfants, la main fermée, dans un geste de rage qui s’amollit sur la fin, qui sait, juste avant que le coup ne tombe, que ce n’est pas bien - et que je vais me faire gronder, ne serait-ce dans ce cas-là, que par moi-même.

culpabilité et sentiment d’échec

Je n’ai pas de bonnes raisons. J’ai des raisons qui ne sont pas bonnes. 

Je n’ai pas envie qu’on me réconforte, je sais que des très rares moments de faiblesse de ce type ne m’empêchent pas d’être une bonne mère. J’ai tout de même passé le reste de la matinée à marcher lourdement, accablée par la culpabilité et le sentiment d’échec. 


Cela ne fait qu’une semaine qu’on est confinés à la maison, semaine qui en précède probablement une dizaine d’autres. Ce gadin de maternité est là pour me rappeler, comme un bleu douloureux, une marque au fer rouge, un souvenir d’orgueil piétiné, qu’il faut que je sois prête à trébucher, prendre acte, me relever et continuer de trébucher.

 
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