Cœur sur toi

 

Batailles choisies #314

Déclaration d’amour à mon mari: aimer et apprendre, ou l’inverse. 🪱


 

À Noël dernier, mon mari m’a offert comme cadeau un composteur. C’était vraiment gentil de sa part: il sait que je suis préoccupée par nos déchets ménagers, il a passé de longues heures à chercher le composteur qu’il nous fallait, en a choisi un fabriqué à partir de bouées récupérées d’élevage de poissons du Sud du Chili. 

Vraiment, je l’ai remercié, le matin de Noël, avec effusion. Bien pensé, bien choisi, même bien emballé!

Un peu plus tard, quand le tourbillon des papiers cadeaux et des jouets qui entrainent immédiatement joies autant que disputes est retombé, je lui ai dit: tu sais, c’est super… c’est juste que moi… les trucs qui pourrissent et les vers de terre… bof... 


Je dois ajouter ici que je suis très admirative de tout ce que sait, et sait faire, mon mari, en particulier pour ce qui est de s’occuper d’une maison, de ses mille et unes tâches et désagréments.

Il est capable de faire du gros œuvre comme du détail, tous types de bricolage, il s’y connaît en plomberie, en électricité, en jardinage, en paysagisme, en nettoyage de piscine. Propreté de panneaux solaires, chauffe-eau ou autre adoucisseur d’eau n’ont aucun secret pour lui. Il est capable de passer ses journées à entretenir, rénover, prévoir, construire, fignoler, ses soirées à chercher comment entretenir, rénover, prévoir, construire, fignoler au mieux. Il est le roi du plan de bataille pour l’installation du four, comme du plan B, C, ou D. 


Alors que moi... je ne sais rien. Un jour, peut-être, j’expliquerai pourquoi cette nullité est un héritage familial.

Pour l’heure, je me contente de dire que je ne sais pas comment fonctionne une maison. J’ignore également comment fonctionnent les choses que contient une maison.


(Parenthès féministe: oui, oui, la répartition genrée du travail domestique, je suis au courant, mais bon, je n’ai pas le temps de me mettre à la plomberie, même pour la révolution féministe, fin de la parenthèse)


Alors puisque ces dernières semaines, le retour chez nous et le retour à la normale, nous ont permis de reprendre notre petit bonheur tranquille, je souhaite remercier haut et fort ce cher Sancho et rendre à mari ce qui appartient à mari, en reconnaissant quelques unes des choses que j’ai apprises, grâce à lui, en une décennie et demi de vie commune:

J’ai appris qu’il fallait arroser les plantes.

J’ai appris qu’il fallait enlever les cheveux du siphon.

J’ai appris que, sous les lavabos, il existe des siphons.

J’ai appris qu’il faut vider régulièrement l’aspirateur.

J’ai appris qu’il faut mettre du produit de rinçage dans le lave-vaisselle - tu n’as pas remarqué, Chérie, que ça clignote rouge, là? - Si, mais je pensais que c’était pour indiquer que la vaisselle était finie? - Depuis trois jours?

J’ai appris qu’il y a un filtre dans les lave-vaisselles.

J’ai appris qu’il y a un filtre dans les machines à laver et les sèche-linges.

J’ai appris qu’il faut régulièrement nettoyer les filtres des lave-vaisselles, des machines à laver et des sèches-linges.

J’ai appris que les hottes aspirantes ont besoin d’une sortie à l’extérieur.


Mais… j’ai appris autre chose, de plus essentiel que ces points épisodiques, qui permet à l’homme d’être un bricoleur et un jardineur hors pair: la patience, l’amour, le don de soi.

Par exemple, regardez, là, mon mari est en train de s’occuper du compost du beau composteur en matériau recyclé que j’ai eu à Noël. 

Je l’admire de loin parce que, moi, les trucs qui pourrissent et les vers de terre...


Regardez-le donc avec moi, depuis la fenêtre de la cuisine, travailler la matière du compost, transvaser les bacs les uns dans les autres selon un ordre savant, vider le liquide produit dans un gros bidon, le mélanger à de l’eau et aller arroser les plantes de cet élixir!

J’admire cet homme, encore en pyjama mais chaussé de crocs et ayant enfilé des gants de travail, cet homme qui sait donner de sa personne. 


Cœur sur toi.

Cœur sur toi, qui t’occupes du compost, encore une corde à ton arc!

J’apprends tant avec toi!

Et toi, qu’apprends-tu avec moi?


Tu apprends qu’il ne faut pas me faire de cadeau.



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Heloise Simonmari, couple