Le piège du raccourci

 

Batailles choisies #64

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En deux mots:

La patience est le plus long chemin, la colère un mauvais raccourci - précepte d'éducation positive


 

Voilà une image que j’essaie de garder en tête, pour prendre sur moi quand mes enfants m’exaspèrent. Je me dis souvent, pour m’obliger à prendre une autre route que celle de m’énerver sur eux (crier, les engueuler, me fâcher très fort, vous avez compris), que la patience est un long chemin, et les coups de colère ou de sang sont un mauvais raccourci. Je vais développer.


Ils se disputent encore ce matin.


Ce matin, Grand et Petit se disputent pour savoir qui va faire le café. Qui va faire celui pour Papa dans une machine à capsules dont ils maîtrisent trop les quatre gestes pour trouver cela amusant encore? Et surtout, qui va faire celui pour Maman, dans l’autre machine, plus récente et toute bleue, où le café se met moulu, avec une grosse cuillère, avec le défi et plaisir de devoir viser juste, puis d’appuyer sur un gros bouton vintage? Grand étant occupé à jouer avec des petites voitures, j’en profite: Petit a donc la mission de faire le café le plus intéressant des deux.


Au premier vrombissement de la machine, Grand vient.



Au premier vrombissement de la machine, Grand vient et, tout penaud, demande pourquoi ce n’est pas lui qui fait le café, lui il veut faire le café, il veut le faire, il veut! Ce sera à toi demain, tu peux faire l’autre café, celui pour Papa, tu sais, il faut apprendre à faire plaisir à ton frère, il est plus petit, et autres tentatives de raisonner un mini-ogre. Rien n’y fait.

Grand boude, se traîne sur le carrelage, ne veut pas manger, ne veut pas mettre la table ni se mettre à table, ne veut pas répondre à mes questions “miel ou confiture?”, veut en somme me faire payer de lui avoir préféré son frère pour le café.

Il est à peine huit heures du matin, je lui hurle dessus. Marre de... pénible... insupportable... égoïste… commencer la journée comme ça… je vous laisse le soin de compléter les blancs. 


La culpabilité arrive.

Tout de suite, alors qu’il pleure sur sa chaise à côté de moi, je sens la décompression et la culpabilité arriver. 

Et mon image, que souvent, je me dis à moi-même pour m’envoyer dans une autre direction, mais que ce matin, j’ai envoyé valdinguer dans la mauvaise direction: tu le  sais que faire preuve de patience est plus long. Sauf que, vouloir aller plus vite, c’est prendre un mauvais raccourci: celui dont on se dit, oui, voilà, je vais aller là je suis sûre que ça amène au même endroit, et puis… non: je m’y perds, je me retrouve dans une impasse, ou perdue, obligée de demander mon chemin, je finis par buter contre des débris et des obstacles que je peine à contourner. Parce que me voilà à lui réexpliquer tout, à le prendre dans mes bras pour le consoler, à lui offrir autre chose pour le petit-déjeuner parce qu’il faut qu’il mange, à y passer plus de temps, à me sentir de plus en plus coupable.

La route qui a l’air la plus longue, Héloïse, c’est souvent la meilleure, tu le sais, arrête d’essayer d’arriver plus vite, ça ne marche pas.

 
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